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Interview : Trinix

Publié le 13 mai 2024

Le duo français nous dit tout sur son dernier single ‘Hotstepper’, sa tournée des festivals et son prochain album.

Avec ses vidéos de mashups ou ses reprises de tubes des années 90 et 2000, Trinix a trouvé une formule gagnante qui lui a permis de donner une nouvelle dimension à sa carrière. En un temps record, le duo originaire de Lyon a su attirer plusieurs millions de followers sur ses différents réseaux sociaux (et tout particulièrement sur TikTok) et s’impose désormais parmi les artistes électro français les plus suivis au monde juste derrière DJ Snake et David Guetta. Mais ce succès en ligne, Trinix a aussi su le retranscrire sur scène. Preuve en est, en mars dernier les deux artistes remplissaient l’Olympia. Les voici désormais qui s’apprêtent à se lancer dans une tournée estivale des festivals qui les emmènera du côté de Garorock, des Vieilles Charrues ou encore Tomorrowland. L’occasion de retrouver en live les nombreux tubes du duo, à l’image de leur reprise de ‘The Magic Key’ de One-T, de ‘Emorio’ ou du plus récent ‘Hotstepper’ – relecture électro du hit sorti dans les années 90 par Ini Kamoze. Trinix nous dit tout sur ce nouveau morceau, son rapport à la scène et ses nombreux projets à venir.

Vous venez de sortir il y a quelques semaines votre nouveau single ‘Hostepper’ qui est un rework du tube d’Ini Kamoze. Comment s’est fait le choix de reprendre ce morceau ?

Josh : En fait c’est un titre que j’écoutais depuis tout petit et que j’avais encore dans ma playlist. Un jour je l’ai fait écouter à Lois et ça lui parlait mais sans plus. Alors que pour moi qui suis un peu plus vieux, c’est un classique. De là, on s’est dit que ça pouvait être une super idée de reprise. D’autant plus que c’est les 20 ans du titre en 2024 donc vraiment les étoiles étaient alignées pour que l’on sorte ce morceau.

Lois : C’est vraiment quelque chose que l’on aime bien faire de prendre des titres que les gens avaient sorti de leur tête et les remettre au goût du jour. Ça nous lassait un peu de reprendre des tubes limite un peu trop iconiques. C’est cool de le faire mais on essayait d’aller plus loin en termes de processus créatif en reprenant des sons que tout le monde avait en tête et de les rafraichir avec notre vision.

Est-ce que vous vous mettez des limites dans la sélection des morceaux que vous reprenez ?

J : Non pas du tout, c’est au feeling. Cela peut aussi bien être dans le jazz, la soul, le R&B, le hip-hop, le rock. Là justement on a un projet d’album et les idées, les samples qu’on cherche sont vraiment dans tous les styles.

Et est-ce qu’il a des morceaux que vous aimeriez reprendre mais où vous n’arrivez pas encore à trouver la bonne formule ?

L : C’est notre quotidien (rires). Ça arrive souvent et justement quand on reprend des vieux morceaux, le but ce n’est pas de les massacrer. On essaie de les respecter et de leur donner une deuxième vie à notre façon. Mais parfois on fait des tests sur certains morceaux et on se dit que ça dessert l’original donc ça n’a pas d’utilité. Faire un remix pour faire un remix, ça ne nous parle pas.

Le grand public vous a découvert avec ces reworks de morceaux culte qui sont devenus votre marque de fabrique. Est-ce que c’est quelque chose que vous allez continuer ou est-ce que vous avez aussi l’envie de laisser plus de place à des productions « originales » ?

J : Complètement. C’est aussi pour ça qu’on décide de partir sur un album, on va moins aller chercher des sons iconiques comme ‘Hotstepper’ mais plus être sur des originaux. Après il y a originaux et originaux. Nous on fait de la musique électronique donc sortir un titre original ça ne veut pas dire grand-chose, il y a toujours une base de quelque chose. Si on prend les plus grands hits de la musique électronique française, de Daft Punk à David Guetta, Kungs, Ofenbach, Martin Solveig, etc., tout part d’un sample.

L : Et cette partie sampling, ça fait vraiment partie de notre ADN. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou ailleurs, c’est vraiment ce que l’on a toujours fait et ce sera toujours présent dans nos prochaines sorties à venir.

Comment se passe ce travail de sampling sur un plan légal ? j’imagine qu’il faut aussi faire avec les différents ayant droits et que ce n’est pas toujours facile quand on s’attaque à des tubes qui ont marqué leur époque. Est-ce que cela a un impact sur votre créativité ?    

J : En général si on a une idée, déjà on regarde qui a les droits, etc., et on en parle à nos équipes pour voir si c’est mission impossible ou réalisable. Généralement tout est clearable. Et si c’est vraiment impossible mais qu’on a une bonne idée, on ne se ferme pas à l’idée de quand même le faire, sans le sortir sur les plateformes de streaming mais plutôt sur nos réseaux sociaux. Et souvent, ça arrive que grâce aux réseaux sociaux la clearance arrive. C’est ce qui est arrivé par exemple pour ‘Avec Classe’. Evidemment si on avait contacté Aya Nakamura et Corneille avant de sortir la vidéo, ni l’un ni l’autre nous aurait répondu. Mais au final on a sorti la vidéo, ça a pris sur les réseaux sociaux et Aya nous a contacté en nous disant « salut les gars, trop cool la vidéo ».

Vous parliez de votre prochain album, est-ce que c’est encore important pour des artistes comme vous de garder un attachement à ce format ?

L : Déjà c’est un type de format qu’on a pas mal fait dans le passé. D’ailleurs notre public nous demande souvent des nouvelles du prochain album – aussi je pense parce que l’on a un profil différent de la plupart des DJs électro/EDM qui ne sortent que des singles. Et nous c’est un format que l’on aime bien parce qu’il nous permet d’aller sur des sonorités différentes, qui sortent des normes des singles. On peut se faire plaisir et aller sur des choses plus recherchées, plus risquées. Le format album nous permet de montrer toute notre palette de créativité.

Vous évoquiez le fait d’avoir un profil différent de la plupart des DJs électro. C’est vrai que l’on peut avoir l’impression que vous êtes un peu à part dans l’écosystème actuel de la musique électro française. On ne peut pas vraiment vous rattacher à un label, à un crew ou même à un courant musical précis. Est-ce que c’est quelque chose que vous ressentez aussi et est-ce que vous avez l’impression d’avoir trouvé votre place ?

L : J’ai l’impression que notre place on l’a créée, il n’y avait personne qui faisait ce que l’on faisait.

J : Et c’est vrai que parfois on se sent un peu exclu. On le voit même dans la communication de certains médias ou dans certains classements, etc. On se dit que l’on ne rentre pas dans cette case et que l’on ne nous considère pas comme artiste électronique. Après je pense aussi qu’on a le cul entre deux chaises. Il y a des DJs, tu sais que ce sont des DJs. Nous on a cette image un peu d’artistes où l’on va remplir des Olympia, des Zéniths et on va faire une proposition qui est autre que d’être derrière des platines. C’est ça aussi qui fait que l’on est à part, on ne ressemble pas aux autres. Après c’est très français aussi. Aux Etats-Unis la musique électronique dans son entièreté est très bien représentée, que ce soit Madeon, DJ Snake ou n’importe qui.

L : En France, il y a un schéma du DJ et tu n’as pas trop le droit d’en sortir. C’est vrai que nous de base c’est aussi pour ça qu’on a essayé de proposer quelque chose de différent. Parce que l’on ne se sentait pas à l’aise avec ce schéma. Rien qu’en terme de communication, à la grande époque de DJ Snake tout le monde communiquait avec des vestes noires, lunettes de soleil et essayait de se donnait un style un peu hautin. Nous on ne se sentait pas à l’aise là-dedans parce que ce n’était pas naturel pour nous. Donc on a voulu aller sur une communication beaucoup plus naturelle.

J : Et faire aussi des choses qui sortaient de ce schéma. Quand on a commencé à faire des vidéos, vers 2017-2018, il y a beaucoup d’artistes et de gens du milieu qui nous disaient de ne pas faire ça. Pour eux on s’affichait. Et au final, aujourd’hui la question ne se pose plus et c’est devenu la norme. Il y a même des labels qui demandent à des artistes de faire des vidéos à la Trinix.

L : Mais nous on n’a jamais fait ça de manière réfléchie. On aimait bien ça, on regardait beaucoup Youtube et il y a plein de mecs qui nous ont inspirés comme PV Nova ou Stromae. On s’est dit que c’était ça qui nous correspondait le plus et c’est pour ça qu’on l’a fait comme ça. Donc cette place un peu différente on l’a créé et maintenant on se sent bien là-dedans parce qu’elle nous permet de faire des choses différentes tout en remplissant des salles comme l’Olympia.

Et aujourd’hui vous êtes aussi tout de même davantage « intégrés » dans le milieu électro puisque l’on voit même des artistes confirmés qui commencent à collaborer avec vous.

J : Oui totalement, il y a beaucoup de DJs stars, comme Steve Aoki par exemple, qui viennent vers nous. Ou de gros artistes comme Jason Derulo qui nous a DM récemment. Nous ça nous donne une « street cred » dans le game que l’on n’avait pas avant (rires). Il nous manquait ce côté collab. Il y a encore deux ans, on envoyait des DM à des DJs ou des producteurs que l’on connaissait et ils ne nous donnaient pas l’heure. Mais aujourd’hui on reçoit beaucoup de demandes, ça s’est totalement inversé.

Vous évoquiez votre show à l’Olympia en mars dernier. Cet été vous vous élancez dans une nouvelle tournée des festivals avec pas mal de grosses dates. A quoi peut-on s’attendre sur scène ?

J : Contrairement à l’été dernier où on arrivait avec nos clés USB, cet été on a travaillé avec de nouvelles équipes et on a fait un vrai show lumières, vidéo, live. On a fait un vrai travail de mastering, de mixage, pour que le son sorte vraiment propre et différemment.

L : Le concert ce n’est pas quelque chose que l’on aborde à la légère. C’est même un peu problématique parfois parce que l’on est très méticuleux et on veut vraiment livrer un show qui soit à la hauteur de nos attentes. C’est un souhait de notre part de réfléchir à que tout soit cohérent, qu’il y ait une histoire, etc. On ne va pas juste jouer des disques pendant une heure.

En parlant de la scène, vous avez également en ligne de mire un show au Zénith de Paris le 1er mars 2025. Est-ce que vous avez déjà commencé à travailler sur cette date spéciale ?

J : On a commencé à travailler dessus il y a trois semaines et ça va nous prendre toute l’année. On a mis la barre haute à l’Olympia, maintenant on réfléchit à comment on peut faire différent et mieux. Toujours avec cette idée de show unique.

L’Olympia cette année, le Zénith en 2025. Est-ce pour vous ces salles étaient des objectifs à atteindre ? Est-ce que vous vous êtes fixé un plan de route ou du moins un plan rêvé de ce que vous voulez accomplir ?

J : L’Olympia ça faisait partie du plan rêvé, le Zénith aussi. Après dans la logique ça ce serait Bercy mais on va attendre un peu (rires). Mais il y a d’autres lieux aussi. On aimerait bien faire le Transbordeur à Lyon, jouer à des festivals comme Coachella, etc.

L : Mais on ne planifie pas forcément. Ce sont des choses que l’on a dans un coin de notre tête. Même le Zénith par exemple, on ne s’est pas dit « dès que l’Olympia est complet on part sur un Zénith ». Ça se fait naturellement.  

En parlant de Coachella, est-ce que les Etats-Unis vous attirent ? Est-ce que=’à l’image de nombreux artistes électro français, vous avez déjà imaginé par exemple partir vous installer là-haut pour y développer davantage votre carrière ?

J : Complètement. C’est même quelque chose que l’on avait prévu de faire après la pandémie mais finalement la France nous a ouvert les bras. Tous les festivals que l’on rêvait de faire et qui ne nous donnaient pas l’heure ont commencé à nous programmer en Mainstage, etc. Donc on s’est dit « tant qu’on est bien en France, profitons-en ». Après on a quand même dans un coin de la tête les Etats-Unis et le Canada, d’autant plus qu’il y a beaucoup de gens qui nous suivent là-haut, mais il va falloir trouver le temps. Pour le moment on a préféré prioriser la France.

Dernière petite question, puisque l’on parlait de votre prochain album, est-ce que vous avez déjà une date de sortie ?

J : Avant le Zénith si possible (rires).

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