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Interview : Asdek & AVA Mind

Publié le 10 juin 2024

Rencontre avec les deux artistes avant leur show sur la scène de l’Elektric Festival ce samedi.

Tout va très vite pour Asdek et AVA Mind. D’un côté, le DJ et producteur connu pour ses collaborations aux côtés de Vladimir Cauchemar, Tony Romera ou Habstrakt compte parmi les nouvelles figures fortes de la bass music en France. De l’autre, la streameuse suivie par plus de 200 000 personnes sur Twitch et passionnée de musique s’est lancée dans le deejaying après avoir évolué il y a quelques années dans l’organisation de soirées électro sur Toulouse. Les deux se retrouvent pour la première fois à partager un b2b à l’occasion de la release party d’Asdek au Rex Club en novembre dernier. Un coup d’essai gagnant pour le duo qui trouve immédiatement son public et lance alors le début d’une florissante aventure commune. Après une tournée des clubs en France et une récente apparition lors de la release party de DJ Snake au Phantom, Asdek et AVA Mind s’apprête à donner une nouvelle dimension à leur projet et s’attaquent cet été aux festivals. Les deux artistes sont notamment attendus ce samedi sur la Mainstage de l’Elektric Park pour un show qui s’annonce déjà explosif. Les deux artistes se confient sur les préparatifs de cette date, leur rapport à la bass music mais aussi sur leurs envies pour la suite à donner à leur projet.

Vous vous apprêtez à vous lancer dans une tournée des festivals qui débutera ce samedi à l’Elektric Park. Comment est née cette tournée ?

Asdek : Pour revenir rapidement sur notre histoire, avec AVA on s’est rencontré sur le festival Popcorn il y a deux ans et on a tout de suite accroché. AVA a kiffé mon set et a capté qu’il y avait une vibe qui lui parlait. On a continué à se parler et elle de son côté a commencé à mixer chez elle, acheter du matériel, etc. En novembre dernier j’ai fait ma release party au Rex et j’avais envie d’avoir sur le line-up des gens que j’aimais bien autant artistiquement qu’humainement. Donc je lui ai proposé de jouer et elle s’est grave motivée. On a fait un b2b parce que j’avais envie de l’accompagner et de ne pas juste lui donner un slot et la laisser se démerder toute seule.

AVA Mind : D’autant plus qu’à l’époque je n’avais joué que sur Twitch donc c’était ma première salle.

Asdek : Au final, en préparant le b2b, en faisant notre selecta, etc., on s’est grave pris au jeu. Moi ça m’a fait préparer quelque chose de plus pointu, de plus assumé que ce que je faisais seul. Donc j’ai trop kiffé et on a eu des retours incroyables du public mais aussi de médias, promoteurs, etc. qui ont adoré la vibe de nos deux univers liés. De là, on a eu beaucoup de demandes et on a enchainé avec la tournée et maintenant avec les festivals.

Est-ce que toi AVA tu ressens une pression particulière à l’idée de jouer en festival ?

AVA Mind : Ce qui est assez fou avec cette histoire c’est qu’elle a directement commencé avec des gros clubs. Pour le moment, la plus grosse date qu’on ait fait ensemble c’était le Phantom je pense mais là on va passer à une autre dimension. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais étonnement j’ai hâte. Je suis un peu stressée du nombre de personnes mais j’ai aussi hâte de voir ce que l’on a préparé, comment le public va réagir, etc. Lors de notre tournée on était sur des salles plus petites mais avec une configuration à 360° donc le public été très proche et il fallait être très exigeant dans ce que l’on fait. Là en festival il y aura plus de monde mais avec une distance donc c’est une toute nouvelle expérience. Et puis à l’Elektric Park ce sera aussi la première fois que l’on jouera ensemble en après-midi.

Est-ce que le fait de passer des clubs aux festivals change quelque chose dans la musique que vous allez jouer sur ces dates à venir ?

AVA Mind : En fait à l’Elektric Park on va débuter un tout nouveau set, différent de ce que l’on a fait sur la tournée. Mais je ne pense pas que l’on se soit posé la question sur le côté festival ou club. On avait juste envie de nouveauté et on réfléchit plus en termes de tracks à proprement parlé que par rapport au côté festival. Avec la tournée on a eu comme un laboratoire où on a pu voir quel track marchait, quel track ne marchait pas et on s’est plutôt adapté à ça qu’à l’environnement.

Asdek : On s’est aussi donné cette ligne directrice de se dire que si on nous booke tous les deux, c’est vraiment pour notre univers et ce que l’on propose. On est dans une espèce de croisade de bass music en France donc de pouvoir jouer sur des scènes de festivals comme l’Elektric Park c’est vraiment l’occasion de montrer ça. A titre personnel, je m’adapte moins quand je joue avec AVA que quand je joue en solo. On est vraiment là pour montrer ce que l’on aime.

En parlant de cette « croisade bass music », quel est justement votre regard sur la scène bass music en France aujourd’hui ? Le genre a eu un très gros succès dans les années 2010 mais où en est-il aujourd’hui ? Est-ce que vous avez l’impression que l’on assiste à un renouveau ?

AVA Mind : Moi je viens de Toulouse qui est une ville qui a rapport particulier avec cette musique et où il y a encore aujourd’hui une demande pour ce genre de sonorités donc mon point de vue est un peu biaisé. Mais oui il y a eu un pic vers 2012-2013 et depuis il y a un gros mouvement qui s’est décalé vers la techno. Mais cela fait deux ans que je vois un regain d’intérêt notamment, et étonnement, pour la drum’n’bass. C’est aussi influencé par des artistes qui peuvent paraitre plus mainstream comme Skrillex qui revient et qui joue à Coachella, etc. Mais est-ce que c’est un retour de la bass music ? Je ne me pose pas forcément la question. Je pense que les gens veulent juste avoir des soirées différentes et pas des line-up avec qu’un seul et même type de musique.

Asdek : Et puis quand je parlais de croisade, on veut militer pour la bass music mais ce n’est pas tout à fait ça aussi. On veut avant tout militer pour l’éclectisme. Quand on a fait la tournée, on ne s’est pas dit par exemple qu’on voulait prendre que des mecs de bass music et envoyer de la bass music pendant six heures. C’est vrai que la bass music c’est quelque chose qui nous fait particulièrement kiffer mais on aime plein de styles de musiques électroniques et on ne se définit pas comme juste des artistes de bass music. Notre rêve c’est d’avoir des événements comme à l’époque des I Love Techno en 2012 où tu avais des Etienne de Crécy qui partageait l’affiche avec Habstrakt, etc. Aujourd’hui en France on a des producteurs dans tous les styles qui sont super doués et c’est vraiment ça que l’on veut montrer.

AVA Mind : Il y a aussi un truc que j’avais déjà identifié à l’époque des orga, c’est que les gens cherchent plus des soirées concept qu’un style défini. Si tu t’es amusé à cette soirée parce que tu as découvert plein d’artistes différents ou que la DA était cool, tu vas revenir. C’est ce que l’on a essayé de faire avec la tournée où on avait des artistes différents à chaque soirée. D’ailleurs on a souvent eu comme retour du public « ah c’était trop cool, je ne connais pas tel artiste mais j’ai kiffé ». Et ça c’est aussi notre volonté de base, de pousser la scène électronique. On a notre projet ensemble mais si à chaque fois on peut s’entourer des gens dont on estime le travail, on le fait.

Asdek : On kiffe la bass music mais des profils comme Miley Serious ou Roni qui sont plus sur la scène parisienne house, ghetto-house et qui sont dans des univers assez différents de la bass music, on les a ramenées sur la tournée et c’était super. Nous on adore ça et les gens été chauds aussi. Moi j’ai grandi avec des Bambounou, des French Fries, etc. J’ai envie de pouvoir connecter avec ces gens-là et faire de belles choses ensemble plutôt que d’avoir chacun son style séparé.

AVA Mind : Surtout on n’est pas dans l’élitisme musical. Moi je viens du stream donc il y a des gens qui viennent à nos soirées qui n’étaient jamais allés en club avant. Et de l’autre côté, on a des clubbeurs habitués qui viennent pour écouter du son. Et ça, c’est quelque chose que l’on voulait. Que ce soit du côté des artistes ou du public, on veut que les gens viennent pour la musique.

Pour revenir à votre tournée estivale, comment avez-vous préparé votre nouveau set ? Comment se fait la répartition du travail entre vous deux ? Est-ce que chacun ramène ses idées, ses envies ?

Asdek : AVA est une grosse digueuse donc c’est surtout elle qui s’occupe de la recherche des morceaux. C’est une meuf de Soundcloud qui est encore plus que moi à l’affut du moindre petit producteur, de la moindre track à moins de 200 likes. Là sur notre dernier set, je n’ai pas peur de dire que 70% des morceaux que l’on joue sont des pépites qu’elle nous a trouvé à droite, à gauche. Après avoir chercher les morceaux à jouer, on s’est aussi posé en studio et on a essayé de faire des edits avec des morceaux un peu plus connus. Cela permet de donner des repères au public.

AVA Mind : Comme Asdek vient de dire, j’ai plus cet aspect de recherche. Et sur la partie edit, même si on réfléchit ensemble aux idées, c’est plus lui qui va concrètement faire les choses parce qu’il a cette casquette de producteur depuis des années et moi je n’ai pas encore le bagage nécessaire. Donc on se répartit le travail comme ça. Moi je me focalise plus sur la recherche, lui sur l’application. Et petit à petit ça commence à se rejoindre parce que j’apprends et je lui propose aussi des choses qu’il n’aurait pas forcément écouté. Ça se complète bien.

Qu’est-ce qui guide le choix des morceaux que vous jouez ? Est-ce que vous avez une ligne bien définie ?

AVA Mind : On a connaissance du fait que l’on puisse aimer un morceau pour sa technicité mais qu’il n’est pas forcément adapté pour du public. Après ce sont quand même des choses qui peuvent nous inspirer et on va chercher à les adapter pour que ça nous corresponde un peu plus. Maintenant il y a aussi des prises de risque. Il y a des sons dont je ne suis pas forcément très fan mais Asdek va me dire « tu vas voir, avec mon expérience je sais que ça résonne bien au niveau du public ». Et de la même façon, je vais lui proposer des sons en lui disant « tu vois ça, ça peut surprendre ». On se teste comme ça en permanence. Mais globalement, avec la tournée on a pu se fixer sur nos ressentis. Aujourd’hui on a pu identifier ce que l’on aime et ce qui peut marcher.

Est-ce que vous pourriez nous révéler un ou deux morceaux de votre nouveau set qui vont selon vous faire un certain effet sur le public ?

Asdek : C’est marrant parce qu’il y a des tracks auxquels moi je ne croyais pas du tout, ou inversement AVA ne croyait pas, mais qui nous ont surpris quand on les a joués. Typiquement il y a une espèce de morceau baile funk que l’on a joué sur la tournée. Moi j’adore la baile funk et AVA voulait me faire plaisir et avait trouvé des trucs qu’elle aimait bien dans cette vibe là. C’était un morceau avec un premier drop baile qui partait ensuite sur un truc très électro. Personnellement je trouvais ça un peu cheap mais à tous les concerts il a foutu le bordel. Donc on n’arrive pas toujours à prédire ce qui va marcher. Parfois il y a aussi des morceaux que l’on adore mais le public ne va pas être très réceptif. D’autant qu’AVA a un peu un profil producteur où elle va aimer des morceaux de producteurs écris pour des producteurs. C’est un peu comme du porno de producteurs où tu vas kiffer tous les détails, etc. mais quand tu le joues il n’y a pas d’énergie. Donc là pour notre nouveau set on ne sait pas trop encore à quoi s’attendre.

Est-ce que pour cette tournée des festivals vous avez aussi travaillé sur la dimension scénographique en termes de visuels, show lumières, etc. ?

Asdek : Pas encore. On a vocation à faire ça mais là, tout est allé très vite. Typiquement pour Elektric Park on aurait adoré. On voulait bosser avec l’équipe de Vladimir que l’on connait bien tous les deux mais le problème aussi c’est que l’on joue en après-midi donc on s’est dit qu’un show light ce serait compliqué. Donc à voir mais oui, on y réfléchit beaucoup. D’autant plus que l’on s’est bien trouvé et pas que sur le plan musical. Moi par exemple je suis un énorme fan de ‘Ghost In The Shell’ ou ‘Akira’ et juste avant le Rex, AVA me montre sa nouvelle DA et c’est exactement inspiré de ça. Donc même visuellement on a des points communs et on a hâte de pouvoir aussi faire de la scéno, du fashion, etc. Mais pour ça, il faut du temps et aussi les bonnes opportunités.

AVA Mind : C’est bon de se rappeler que notre première scène était en novembre. Tout va très vite donc là on est plus dans l’idée de déjà faire connaitre le projet, les valeurs qui vont avec et qui on est. Et puis si ça marche bien, on aura ensuite suffisamment de fond pour aller plus loin, travailler avec des artistes, etc.

Est-ce que justement vous réfléchissez déjà à la suite de votre projet ? AVA, dans une interview tu disais que tu ne te voyais pas forcément faire carrière en tant que DJ. Est-ce qu’avec la tournée et toutes vos nouvelles opportunités, c’est quelque chose qui a pu changer dans ton esprit ?

AVA Mind : En fait quand on m’a posé cette question, c’était juste avant ma date au Rex donc oui à ce moment je ne me voyais pas trop (rires). Maintenant ça a changé mes perspectives et j’y ai trouvé une forme d’amusement où je pense que j’ai dépassé le syndrome de l’imposteur. Aujourd’hui j’ai juste envie que ce projet avance. Si on arrive à faire quelque chose, que c’est rémunérateur et que le projet grossisse, je serai la personne la plus heureuse du monde. Mais je ne me suis pas forcément posé la question en termes de métier parce que j’en ai déjà un et la musique c’est ma passion à côté. Je veux juste voir où va ce projet, me donner à fond dedans, qu’on aille le plus loin possible dans ce que l’on kiffe et on verra bien où ça nous mènera.

Est-ce qu’une des prochaines étapes pourrait être la musique et le fait de sortir des morceaux ensemble ?

Asdek : Comme AVA le disait, on a vraiment pris tout ça comme ça venait, sans vraiment avoir de plan ou de projets. Mais on a passé de supers moments et moi pour pleins de raisons j’aime beaucoup plus la scène avec AVA que sans. Lorsque l’on a fini la tournée à Lille, on était un peu nostalgique et la question de la suite, et donc de la musique, s’est posée. Et je pense que c’est quelque chose qui va arriver. D’autant plus que j’ai un projet qui est très éclectique et ça me permet aussi de classer tout ça. Je kiffe produire, je suis un vrai rat de studio. Donc est-ce que je vais continuer ça de mon côté et l’aspect plus live ce sera avec AVA ? Est-ce que l’on va créer un nouveau projet pour sortir des morceaux ensemble ? Tout ça ce sont des questions qui se posent et pour le moment on n’a pas encore eu le temps pour se poser et y répondre. Mais en tout cas on est passé à l’Apple Store d’Opéra, on a acheté un Mac avec Ableton et AVA est en train de se manger les durs débuts d’Ableton (rires). Donc je pense que l’on va finir par faire des morceaux ensemble.

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