Crowd Control - Happiness Therapy
Crowd Control

Focus : Crowd Control

Publié le 12 mars 2025


Et si la House music était la meilleure thérapie pour trouver la joie de vivre ? C’est avec ce leitmotiv que le DJ-producteur français Crowd Control a construit son aventure musicale. Après plus de 5 ans d’activité, son label Happiness Therapy se retrouve dans les petits papiers des diggers et amateurs de House racée, old-school et sans concession. Que ce soit sur les plateformes de streaming ou dans les magasins de disques spécialisés, au format vinyle, ce label indépendant fait des vagues et parvient à propulser ses artistes aux platines des meilleurs clubs, dont le Fabric à Londres. Rencontre avec Simon, aka Crowd Control, qui chapeaute tout ça avec passion et humilité, depuis sa province natale, près de Lyon…

À quel moment de ta vie as-tu commencé à te forger ta culture House ?

J’ai commencé à m’intéresser sérieusement à la culture House vers la fin de mes études. Avant ça, j’ai eu l’occasion d’écouter pas mal de disco, de funk, de soul, et la pop de l’époque était archi sexy (Michael Jackson, Prince..). C’était aussi l’époque où la french touch brillait à l’étranger, que ce soit Daft Punk ou Guetta, Sinclar et Solveig. Puis j’ai compris qu’entre ces deux époques il y avait la house de Chicago, de New York, et je n’ai plus jamais cessé de m’y intéresser.

Quels sont tes modèles en matière de House Music, ton top 3 des labels qui t’ont donné envie d’en mixer et d’en produire ?

J’aurais tendance à citer 3 classiques, à savoir Strictly Rhythm, DJ International Records et Trax. Si vous me laissez aller jusqu’à 5, j’ajouterais Dance Mania et Roulé

Raconte-nous un peu les débuts de ton label Happiness Therapy… Beaucoup de DJs ont envie de créer leur propre label mais beaucoup d’entre eux se cassent assez vite les dents. Comment as-tu réussi à franchir les différentes épreuves pour t’inscrire dans la durée ?

Happiness Therapy est né d’une envie de créer un espace pour promouvoir une House Music authentique avec une énergie positive et tournée vers l’émotion. Les débuts ont été marqués par des défis : trouver une identité visuelle forte, investir dans des pressages vinyles, et trouver notre audience. Par chance, j’avais mis de côté en passant plusieurs années à organiser des soirées en amont, avec cet objectif, ce rêve même, d’exprimer ma vision artistique à travers un label ensuite.

Le nom de ton label (Happiness Therapy) sous-entend que la musique House permet de vivre heureux, tu confirmes ?

Absolument ! La House Music a ce pouvoir unique de rassembler les gens, de les faire se rencontrer autour d’une énergie positive commune et de créer des moments d’évasion. C’est un vecteur de bonheur, que ce soit sur le dancefloor ou en écoutant un vinyle chez soi.

À l’heure du streaming à tout va, tu as construit ton label sur un modèle économique assez ambitieux, avec une distribution vinyle à chaque sortie. Est-ce que c’est viable ?

C’est un modèle exigeant mais viable, car le vinyle reste un objet intemporel qui attire les passionnés et les collectionneurs. Cela demande une bonne gestion des stocks et une vision à long terme, mais on s’en sort. Le gros de nos revenus se fait grâce au digital, cela reste un fait, mais je vois mon label comme un tout, et le disque apporte une valeur ajoutée qui justifie les efforts.


« Un vinyle coûte aujourd’hui 50% plus cher à produire qu’en 2020. »

Les coûts de fabrication d’un vinyle et la difficulté à rentrer dans un circuit de distribution physique ne t’ont jamais semblé être des contraintes ?

Bien sûr, ce sont des contraintes, surtout au début. Il faut pouvoir investir et trouver un partenaire sérieux pour la distribution des disques. Mais j’ai anticipé ces coûts et je me suis entouré de bons collaborateurs. La vraie difficulté en ce moment, c’est le prix de fabrication des disques. Tout le circuit de production a connu une forte inflation, que ce soit au niveau du coût des matières premières, de l’énergie, un disque coûte aujourd’hui 50% plus cher à produire qu’en 2020. On a essayé d’absorber au maximum cette augmentation, mais on a quand même dû augmenter le prix de vente de nos disques récemment. Ça nous embête pour les fans, mais c’est une réalité à laquelle on ne peut pas échapper aujourd’hui.

Comment as-tu réussi à construire la communauté autour de ton label ?

J’ai misé sur une communication sincère, une esthétique forte, et des événements qui permettent de connecter directement avec le public. Les réseaux sociaux jouent un rôle important, mais c’est l’aspect humain des soirées et des collaborations qui a vraiment fait la différence. Chaque commentaire ou message que je reçois sur nos réseaux montre que notre communauté est grandissante à travers le monde, ça fait très plaisir et ça motive à continuer cette démarche !

Crowd Control Djoon Paris

Crowd Control aux platines du Djoon à Paris

Les artistes signés sur ton label sont eux aussi tous dans une démarche vraiment underground, dans leur manière de produire et de communiquer. Comment les repères-tu et est-ce que tu leur fixes des objectifs ?

Ayant commencé comme organisateur de soirée, je suis obligé d’être à l’affût des artistes émergents, je fais ce qu’on appelle de la « veille », ce qui me permet de savoir quand un artiste fait quelque chose de bien, qu’il a déjà une petite communauté etc.. Le timing est essentiel pour un label indépendant comme le mien, et avec l’expérience, je fais attention de signer les artistes au bon moment, à savoir ni trop tôt, ni trop tard. Quand j’ai un coup de coeur, j’écris directement à l’artiste, et on commence à travailler un projet pour le label. Le seul objectif que je fixe aux artistes, c’est de s’inspirer de l’énergie du label, et y apporter leur touche. Ça crée des projets uniques, qui explorent parfois une facette différente de leur musique, et ça perpétue la DA singulière du label.

Il y a une évolution constante qui fait que la House est toujours pertinente et excitante

Depuis la création de ton label, est-ce qu’il y a une ou un artiste qui te rend particulièrement fier ?

Il y en a plusieurs, mais je pense notamment à Baka G, B From E et Strandtuch, qui ont su imposer leur style tout en incarnant parfaitement l’esprit de Happiness Therapy. Les voir grandir et toucher de nouveaux publics est une grande fierté, et c’est un pur bonheur à chaque fois qu’ils reviennent pour une sortie sur le label.

Si tu devais nous citer une sortie de ton catalogue qui définirait le mieux ta vision artistique en tant que DA ?

Les compilations anniversaire (HT3YEARS, HT5YEARS) ont été des terrains de jeux magnifiques, puisque j’ai pour chaque projet initié des collab inédites entre des artistes qui avaient déjà signé des projets sur le label. Ça a donné des résultats magnifiques, je suis très fier de ces deux sorties.

En marge de ton label, tu es aussi à la tête d’une agence de bookings. Est-ce que le 360° est le meilleur modèle de développement à tes yeux ?

Selon moi, oui. Cela permet de créer des synergies entre les artistes, le label, et les événements. L’agence de bookings me permet aussi de valoriser les talents du label sur scène, c’est très vertueux.


« J’adore jouer dans des pays où les gens ont une curiosité intacte et une envie insatiable de faire la fête. »

Tu tournes aussi beaucoup en tant que DJ sous le nom de Crowd Control ? Est-ce que le public adhère aussi fort à la House Music à Lyon, Londres ou Astana ?

Chaque ville a sa propre vibe, mais la House a cette universalité qui connecte les gens partout. Chaque scène a son propre stade de développement, car parfois la House a mis plus de temps à atteindre certains pays ou certaines villes. J’adore par exemple aller jouer dans des pays où la notion de club est nouvelle, où les gens écoutent de la musique électronique depuis peu, ont une curiosité intacte et une envie insatiable de faire la fête. La communauté des danseurs et danseuses de House est également très développée dans le monde entier, elle est le ciment de cette musique et une porte-parole magnifique ! Je vois des danseurs partout où je joue, c’est magnifique.

Dirais-tu que la House Music vit ses plus belles heures ?

Elle connaît un vrai renouveau, avec des artistes talentueux et un public curieux. Les racines restent présentes, mais il y a une évolution constante qui fait que la House est toujours pertinente et excitante. La Techno (hard) a pris beaucoup de place ces dernières années, mais il y a toujours une audience pour la House et je tiens à perpétuer cela.

Peux-tu nous mettre dans la confidence de quelques projets forts pour 2025 ?

En 2025, on prépare plusieurs sorties vinyles ambitieuses. Il y a tout d’abord la trilogie d’EPs de l’artiste danois B From E « Saṃsāra Cycles » qui nous accompagnera jusqu’à Avril. Puis reviendront les split EP qui avaient marqué le début du label en 2018, avec Yesca et HATT.D qui sortiront leur premier disque le label. Puis pour célébrer l’arrivée de l’été, notre premier projet de re-issue avec l’artiste belge Marius Acke, dont les oeuvres oubliées des années 90s refont surface, et que l’on ressortira en vinyl et digital en version re-masterisée d’ici le mois de Juin.

Crowd Control - Happiness Therapy
Crowd Control, boss du label Happiness Therapy

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