C’est une petite révolution pour les audiophiles et les curateurs de playlists. Deezer vient d’annoncer le lancement de ce qu’il appelle des playlists universelles inter-plateformes, une fonctionnalité qui pourrait enfin dissoudre l’un des principaux irritants du streaming : l’impossibilité de partager une playlist entre utilisateurs si chacun n’utilise pas le même service.
Alexis Czornomaz, VP Product & Product Design chez Deezer, déclare : « La musique est, par essence, un art social, mais l’essor des plateformes de streaming a parfois créé des barrières entre les fans. Avec notre fonctionnalité de partage universel des playlists, nous remettons la connexion au cœur de la musique et permettons à nos utilisateurs de partager leurs titres préférés avec leurs amis. Cet esprit d’ouverture fait partie de l’ADN de Deezer, et nous souhaitons encourager davantage de liens entre les amateurs de musique. »
Si vous avez déjà voulu partager une playlist Spotify, Apple Music ou Deezer à un ami qui utilise une autre plateforme, vous savez à quel point c’est laborieux (recherche manuelle des morceaux, différences de catalogue, versions manquantes). Avec cette mise à jour, Deezer automatise ce processus : un utilisateur partage une URL, et l’algorithme identifie les équivalences de titres dans la bibliothèque de la plateforme du destinataire. Cela signifie que, théoriquement, la même playlist peut être écoutée par tous, quel que soit le service utilisé.
Pour Deezer, c’est une réponse à une réalité : les playlists sont l’un des contenus les plus partagés sur le service, juste derrière les morceaux individuels. En France, plus de 80 000 playlists sont partagées chaque semaine.
L’initiative de Deezer marque une rupture par rapport à la stratégie des géants du streaming, qui préfèrent souvent verrouiller leurs écosystèmes. Deezer, au contraire, parie sur l’interopérabilité, comme un positionnement différenciant dans un marché dominé par Spotify et Apple Music.
Mais tout n’est pas rose pour autant. Les catalogues des plateformes ne sont pas identiques : certaines version locales ou mixes exclusifs pourraient manquer. Et le succès de ce système dépend largement de la coopération des autres services : si ces derniers limitent ou ne soutiennent pas le redirectionnement, l’efficacité sera réduite.
Malgré ces limites, Deezer envoie un message fort : la musique mérite de circuler librement, au-delà des barrières technologiques. Cette innovation pourrait bien redéfinir la manière dont on partage, découvre et vit la musique en ligne.
Pour les curateurs, labels et artistes — notamment dans l’univers techno / électro où les playlists spécialisées jouent un rôle clé — cette avancée pourrait fluidifier la diffusion et la découverte entre communautés utilisateur. Une playlist partagée sur Instagram, par exemple, pourrait être pleinement écoutable par tous, sans obstacle technique.
Mais pour atteindre cet idéal de « musique sans frontière”, tout dépendra de la robustesse de l’algorithme d’équivalence et de la volonté des plateformes concurrentes de s’ouvrir un peu leur écosystème.
La phase de test est lancée : restons attentifs aux retours d’expérience utilisateur dans les semaines qui viennent. Si tout fonctionne, ce petit pas de Deezer pourrait bien être l’un des plus gros de 2025 dans l’univers du streaming musical.
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