Trinix - © Laura Perez

TRINIX – NEZZY : interview croisée

Publié le 15 décembre 2022

Producteurs, auteurs-compositeurs, interprètes, TRINIX nous emmènent dans un monde où se côtoient de multiples univers en nous offrant de nombreux mashup sur les réseaux. Fans de mangas, de cinéma, de sons de tous horizons, le jeune duo, originaire de Venissieux, se distingue par une créativité débordante. Avec trois disques de diamant, de platine et d’or en poche, c’est à l’occasion de leur récente tournée que nous avons eu la joie de les rencontrer, en compagnie de leur première partie, le jeune NEZZY, en pleine ascension dans le paysage électronique hexagonal.

Avant de démarrer, qui se cache derrière TRINIX & NEZZY ?

T :  Nous nous appelons Josh Chergui et Lois Serre. Nous nous sommes rencontrés à la kermesse de l’école en CM2. Passionnés de musique tous les deux, nous nous sommes vite entendus et cela fait plus de 10 ans que l’on fait de la musique ensemble. Nous fêtons même les 10 ans de TRINIX.

N : Je suis un jeune passionné de musique de 21 ans originaire de Roanne qui se cherche encore un peu musicalement et qui a développé son propre style artistique.

Quelle est l’histoire derrière vos noms d’artistes ?

TRINIX : Il n’y a pas vraiment d’histoire ni d’explication. On cherchait juste un nom qui n’existait pas,  référencé nulle part. On voulait inventer et on voulait juste qu’il se termine par un ‘’X’’ car on aimait bien Skrillex, et un nom se terminant comme ça, on trouvait que ça bien. Ça sonnait comme un nom de médicament et, de fait, on allait soigner l’industrie musicale (rires…) et aussi faire du bien aux gens.

NEZZY : Ça doit être mon frère qui avait trouvé ce nom quand j’étais petit. C’est un surnom qui vient d’un jeu vidéo ‘’NEZZ’. J’ai pensé à le changer à un moment car je ne le trouvais pas stylé, un peu comme SNAKE à l’époque quand il disait qu’il ne savait pas pourquoi il avait choisi ce nom. Mais, une fois que c’est fait, c’est fait. Pour l’anecdote, par moment, il y a un rappeur du même nom qui apparaît sur mon Spotify, c’est relou (rires…), on le retire à chaque fois. Ensuite, changer de nom aurait été un peu compliqué, car sur deux morceaux, j’avais déjà plus d’un million de streams…

TRINIX, votre 1ère partie de cette tournée est avec nous, quelques mots à son sujet ? 

T : Oui ! On l’a découvert par l’UCPA, le bouche à oreilles, et on le suit depuis plusieurs années. Il a un univers qui correspond bien au notre. Et c’est une bête de scène en devenir. On ne pouvait pas mieux tomber. On ne voulait pas un DJ qui passent ses morceaux. Il est aussi 100% Live. On se complète bien.

Comment définiriez-vous votre univers musical ?

T : Avant, on avait du mal à décrire notre style. On a donc créé un genre : la ‘’Badbiance’’. C’est de la musique ‘’bad’’, un peu triste mais également joyeuse car on s’ambiance dessus. C’est une sorte de mélancolie positive. 

N : C’est la question que l’on me pose tous les soirs en sortant de scène et c’est vrai que je n’arrive pas encore à mettre les bons mots dessus et le public également. C’est compliqué mais je dirais future bass, electro chill et pop. J’ai plusieurs styles que j’affectionne. Etant donné que je me cherche encore, je ne me bloque pas et je n’ai pas envie de passer à côté d’autres choses, et surtout c’est positif pour la créativité. Je pourrais dire que c’est entre TRINIX et San Holo. J’ai une palette assez large.

NEZZY, parle-nous de ton background musical ?

N : J’ai commencé la guitare à l’âge de 6 ans. Ma tante en faisait, j’écoutais Nirvana, Gun’s N Roses, Tokyo Hotel…. Je n’ai jamais pris aucun cours de musique que cela soit à la guitare, au piano ou autre, j’ai tout appris par moi-même. J’étais à fond rockeur, et mon père lui était à fond techno, electro , Daft Punk, Cassius, Emmanuel Top…  Vers 10, 11 ans, j’ai un peu penché vers la techno et en CM2 j’ai commencé la prod. J’ai essayé la techno et en grandissant je me suis plus trouvé, je me suis professionnalisé. Jouant de la guitare, j’ai voulu l’incorporer dans mes sons et tout ça fait ce que je suis aujourd’hui.

©Laura Perez

Un concert de TRINIX et NEZZY, ça se passe comment ?

T : Sur cette tournée, c’est un peu spécifique. C’est un show 100% live, avec que des sons propres à nous ou des mashups, comparé aux DJ sets que l’on faisait par le passé. On ramène notre univers visuel, il est intergénérationnel car notre public est très large. Cela va de 6 ans, en passant par des jeunes de 25 ans jusqu’aux couples de 60 ans et plus. On avait ce défi de faire en sorte que tout le monde soit satisfait. C’est un show diversifié. Au niveau visuel, on a tout géré nous-mêmes en autoproduction. On avait nos idées bien précises. Deux personnes nous suivent sur la tournée. Un régisseur qui s’occupe de la technique et du son et une personne qui gère la lumière. C’est grâce à elles que l’on a pu créer nos différents visuels et atmosphères en faisant interagir nos sons.

N : En tant que 1ère partie, je propose un show live de 30 minutes avec 10 morceaux. Je m’éclate. Ça fait 10 ans que je suis dans ma chambre et là je peux enfin sortir et faire ce que j’aime le plus. Ce soir, c’est mon quatrième live et c’est fou de pouvoir être sur scène, jouer sa propre musique, voir la réaction des gens… Aussi, j’ai découvert l’après-concert, où les gens te complimentent comme jamais, où tu peux échanger avec eux. Grace à ça, je sais pourquoi je fais ça et comme je me remets tout le temps en question, cela m’aide beaucoup, ça me boost énormément.

A côté de la musique, quelles sont vos passions ?

T : Les jeux vidéos, la formule 1, les montres, les films, le sport et les mangas…..

N : Le foot à regarder et jouer entre potes, les documentaires, vidéos Youtube, films….

Sur scène, quel matériel utilisez-vous ?

T : On a deux machines MK3 de chez Native Instruments, une Numark PT01 pour le scratch, un drum Alesis pour les perçus, un séquenceur Akai APC40, un petit piano, un ordi pour tout gérer sur Ableton.

N : Avec la tournée, c’est la première fois que je joue 100% live. Habituellement, je jouais un DJ set et pour la tournée j’ai emporté avec moi mon ordi, un pad pour jouer mes voix découpées et ma guitare bien évidemment, car c’est l’instrument que j’ai envie de mettre en avant. Les retours du public au sujet de la guitare sont positifs. Tout le monde me dit que cela amène un truc en plus. J’apprécie énormément car c’est vraiment sur cet instrument qui porte toute mon âme.

” On a les meilleurs producteurs chez nous, mais un seul gros modèle de diffusion, la radio, où il faut avoir un gros hit, alors qu’aux US, un bon son peut rapidement faire 100 millions d’écoutes sur Spotify et derrière ramener des festivals, une vraie fanbase, des tournées…. Même en France, certains font de gros hits radios, et derrière, il n’y a pas de tournées, peu de disques vendus… On ressent la musique différemment là-bas. “

Un retour sur votre tournée US ?

T : C’était incroyable. Six dates avec une ambiance totalement différente. Les gens sont beaucoup plus expressifs là-bas. Ils dansent beaucoup plus dans les concerts, ils se lâchent.  Musicalement, c’est moins mainstream, c’est plus recherché dans ce qu’ils écoutent. Il y a des artistes qui cartonnent aux US contrairement à la France, à l’image de Madeon qui est une superstar là-bas, remplissant des stades, et qui fait en comparaison très peu de dates par chez nous. Nous, qui sommes issus de la musique électronique, le marché US est super important à développer, car en France c’est encore un peu compliqué. On a les meilleurs producteurs chez nous, mais un seul gros modèle de diffusion, la radio, où il faut avoir un gros hit, alors qu’aux US, un bon son peut rapidement faire 100 millions d’écoutes sur Spotify et derrière ramener des festivals, une vraie fanbase, des tournées…. Même en France, certains font de gros hits radios, et derrière, il n’y a pas de tournées, peu de disques vendus… On ressent la musique différemment là-bas.

Quelle est l’importance des réseaux sociaux pour vous ?

T : Le marché musical a profondément changé avec le Covid, il y a eu une fracture et tout le monde s’est tourné vers la télévision ou le téléphone car les gens avaient besoin d’être informés, rassurés. On s’est dit que les cartes allaient être redistribuées. De notre côté, on avait déjà commencé nos vidéos un an auparavant et on s’est dit qu’on n’allait faire que ça. On a posté nos vidéos dès la première semaine du confinement et on a vu des scores incroyables et cela s’est également converti en fans, nos écoutes Spotify ont explosé… On a profité de ce moment pour continuer ce que l’on faisait avant et cette période a été plus intense pour nous. Notre communauté a fortement grandie. On tournait à 20 000, et en trois semaines on est passé à 80 000, et cela a continué. On a essayé de maximiser les réseaux sociaux pour rester en contact avec les gens.

N : C’est un peu mon point faible. Etant timide et réservé, j’ai du mal à m’afficher ou à me filmer alors que cela va à l’inverse de ce que demandent les réseaux. Il faut être présent. Avec la tournée, j’essaye de le faire, et c’est plus facile lorsqu’il y a du contenu et que l’on a des choses à montrer. Chez moi, j’ai du mal à trouver des idées de contenu. Il faut être innovant. Je n’ai pas envie de faire comme tout le monde, j’aimerais bien trouver un concept pour me différencier des autres. En ce moment, je fais un VLOG sur cette tournée. J’espère que le résultat sera à la hauteur et comme il s’agit de ma première, j’ai envie de faire découvrir ça rapidement.

Quels sont vos projets pour 2023 ?

T : On va commencer à réfléchir à écrire pour un prochain album, de nouveaux singles. On sort d’une période où l’on s’était concentré sur un album. Là, on a plus envie de se concentrer sur quelque chose de plus léger, comme pendant le Covid, ou l’on va sortir des vidéos, des singles. On communique avec les gens sans prise de tête et pour ensuite repartir sur de plus gros projets plus tard.

N : C’est cool car on a signé un contrat avec un label indépendant, LOUDKULT, où je dois produire une musique par mois pendant six mois. Et il y a deux musiques que je joue ce soir en live qui sortiront en Janvier. On a un calendrier établi sur plusieurs mois et cela me motive de pouvoir enfin sortir des morceaux qui sont sur l’ordi depuis huit mois. Je suis très impatient.

Des souhaits de collabs en vue ?

T :  Ouais, pas mal en vue. Avec NEZZY (rires).  Tony Romera, on aimerait bien. Vladimir Cauchemar, on est en discussion… Tous les producteurs que l’on aime bien, Madeon, Louis the Child. Le rêve ultime serait The Chainsmokers, Skrillex, Flume… Il ne faut jamais dire jamais !

Chez TRINIX, il y a une belle originalité côté merchandising

T : Oui c’est clair. C’est assez exclusif. La K7 USB regroupant 10 ans de TRINIX. On a voulu faire différent, mais en fait cela a été compliqué à créer. Comme on a plein d’idées, il faut ensuite les mettre en place. On prend des rendez-vous avec des usines pour suivre la fabrication, on passe nos journées à ça…. Mais au final, c’est un super produit. On en est super satisfait.

TRINIX au Splendid Lille –  Un Show ‘’UNIX’’

C’est à l’occasion d’une étape au Splendid de Lille le vendredi 25 novembre dernier, que le duo TRINIX, fer de lance de cette nouvelle génération de producteurs, inventifs, adeptes de mashups et de réseaux sociaux nous a offert un concert de toute beauté.

Lors de la 5ème et avant dernière date de leurs six concerts , nous avons également découvrir en première partie un autre jeune talent en la personne de NEZZY qui a de fort belle manière mis en appétit les 500 personnes présentes. 

Du haut de ses 21 ans, ce jeune roannais nous a minutieusement préparé 10 morceaux de ses propres compositions. Ses affinités electro, pop, chill, et son agilité à la guitare, son instrument de prédilection, ont offert un live électrisant et entraînant. Une belle surprise durant ses 30 minutes de show. A l’aise avec son Keypad, il a égrainé de très jolies sonorités électroniques entremêlées de voix soigneusement arrangées pour un résultat bluffant. Les applaudissement nourris du public a confirmé notre ressenti et nous vous invitions à rapidement découvrir son univers.

Après ce beau moment, le duo tant attendu a pris place sur scène et a captivé la foule durant 1h30 de concert. Être à contre-courant est leur marque de fabrique et ils le font à merveille. Et ils ne sont pas venus seuls dans la capitale des hauts de France. Accompagnés de Queen D sur leur hit ‘’She Said’’ mais aussi et de Memphis Blood sur ‘’Wafle’’, cela a ajouté un ingrédient supplémentaire à cette soirée. Leur palette et leur facilité à tirer le meilleur de chacun force l’admiration. Et l’on ressent bien leur aisance à bidouiller et rechercher le meilleur de chaque son. Leur culture et éclectisme musical met en valeur leurs nombreux mashups dans lesquels leur touche electro y est ajoutée à chaque instant. Que ce soit le hip hop, les mélodies urbaines, les ambiances chill, pop, le tout à la sauce électro nous a emporté.

Maitrisant à merveille chaque recoin de leurs jouets, que ce soit platine, contrôleur, séquenceur, piano ou encore drum, ils savent tout faire. Malgré leur jeune âge, ils viennent déjà de fêter leurs 10 ans de carrière. Et n’oublions pas la partie visuelle, où chaque image est soignée, parfois décalée, invitant au voyage à travers le temps ou à pénétrer l’univers manga qu’ils affectionnent tant, le tout saupoudré d’effets pyrotechniques. 

25 morceaux de leur composition ont défilés dans nos oreilles et que cela passe vite en leur compagnie.  Un final sur ‘Sweat Dreams’ a définitivement fait chavirer la salle, dans une ambiance  survoltée, pour un final splendide, sans mauvais jeu de mot. Quelle performance !

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