Swedish House Mafia @ Accor Arena

Swedish House Mafia à l’Accor Arena : la folie des grandeurs 

Publié le 11 octobre 2022

 Faire se déplacer 18 000 fans un lundi soir d’octobre pour un show électronique dont les places varient de 60 à près de 120 euros, ce n’est pas donné à tous les artistes. Malgré quelques gradins clairsemés, la Swedish House Mafia aura tout de même relevé le pari pour son retour à Paris à l’Accor Arena, une décennie tout pile après sa dernière venue dans la capitale lors de son ‘One Last Tour’, dans cette même enceinte (encore nommée Bercy à l’époque).

Après une première partie efficace assurée par Vintage Culture, en remplacement d’Alesso dont l’annulation fut une déception pour de nombreux fans, l’horloge approche des 22h lorsque les lumières s’éteignent pour laisser place aux têtes d’affiche de la soirée. Présentée en clôture de Coachella et rodée aux Etats-Unis, la nouvelle scénographie du trio suscite beaucoup d’attentes. Cachée par un voile noir, la scène se révèle après une intro en forme de build-up futuriste, et dévoile enfin l’anneau gigantesque qui fait toute la singularité du show. Côté musique, la Swedish House Mafia attaque avec une version remaniée de ‘Can U Feel It’, qui amorçait déjà son live à Coachella. Les titres anciens et nouveaux s’enchaînent, de ‘Miami 2 Ibiza’ à ‘Reload’ en passant par ‘Moth To A Flame’, présentant à chaque fois ou presque des versions musclées pour le live ou des mash-up. Plus sombre, plus underground, la tonalité générale du show suit le virage emprunté par ‘Paradise Again’ et montre un visage de la Swedish House Mafia bien différent de celui présenté en 2012 ou lors de son show à l’Ultra en 2018. 

Mais avant la musique, ce sont les yeux que le trio a voulu séduire en présentant un show visuel aux ambitions rarement (jamais ?) observées sur la scène électronique. Les différents anneaux qui se déplacent, s’alignent, se superposent, les lasers, la pyrotechnie, les lumières, les feux d’artifices… Pendant 1h30, la scène ne cesse de se transformer et offre un spectacle saisissant à chaque instant. De ce point de vue, cette tournée 2022 de la SHM est un franc succès, et restera à coup sur dans les mémoires comme l’une des scénographies les plus élaborées et démesurées présentées par des artistes de musique électronique. 

Mais malgré une débauche d’effets, la SHM n’aura vraiment réussi à soulever ses fans que lorsqu’elle joue ses tubes de la première heure. Deux constats s’imposent : premièrement, les titres de ‘Paradise Again’, même dans des versions musclées pour le live, n’ont pas complètement convaincu une majorité du public, restée fidèlement attachée aux hymnes de la première heure. Enfin, la scénographie, aussi gigantesque et travaillée soit-elle, ne rivalisera jamais avec la musique. Si l’aspect visuel joue un rôle primordial dans la qualité des shows en festivals ou dans des salles de grande capacité, il ne faut pas oublier que le public vient avant tout pour danser et écouter un groupe dont il est fan. S’il y contribue, l’aspect visuel du spectacle ne peut à lui seul soulever les foules. Malheureusement, le gigantisme de plus en plus exacerbé des shows tend à sur-solliciter les yeux au détriment de l’ouïe, et devient inconsciemment le paramètre premier sur lequel on juge de la qualité d’un concert au détriment de l’aspect musical. Enfin, ces productions de plus en plus énormes, dans des salles connues pour être presque impossibles à rentabiliser (voir cette vidéo passionnante du site Le Monde à ce sujet), amènent in fine le public à devoir débourser des sommes très importantes pour voir ses groupes préférés sur scène, laissant les fans les moins fortunés de côté. Evidemment, on peut souhaiter voir un spectacle grandiloquent et être prêt à mettre le prix pour un divertissement hollywoodien. Mais, au final, sommes-nous des passionnés de pyrotechnie ou de musique électronique ? Le mélange des deux à fait preuve de son efficacité. Mais à quel prix ? 


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