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La musique électronique … en Corée du Sud.

Publié le 24 novembre 2022

DJ Mag vous propose un nouveau format sur l’avènement de la musique électronique au sein de différents pays. Pour ce premier épisode, cap sur « Le Pays du Matin calme. » 

En 2022, la Corée est partout. Ses soft-power culinaire (‘mandu’, ‘kimchi’ …) ou encore cinématographique (‘Squid Game’, ‘Parasite’ …) n’en finissent plus de rayonner au-delà des frontières de la péninsule. Son essor s’est particulièrement accéléré depuis l’aube des années 90 et la fin de la dictature. Cette ‘Korea trend’ est aussi et surtout symbolisée par le développement de la ‘K-Pop’ : BTSBlack PinkPsy et son ‘Gangnam Style’ … Qui n’a pas vu ou entendu au moins une fois ces noms depuis 10 ans ? 

Maintenant, place à la K-House !

Sur l’ensemble du XXI ème siècle, la force de la Corée se trouve dans sa diversité culturelle. Difficile de l’enfermer dans une case ! 

Au milieu de la K-pop, K-drama ou encore K-beauty, la musique électronique a su se faire une petite place. Depuis quelques années et l’émergence de la scène underground, cette dernière commence à se démocratiser … au point de pouvoir parler aujourd’hui de ‘K-House’ ! Ce nouveau genre coréen mêle morceaux de musique électronique et chants des producteurs coréens. Nous pourrions même dire plus généralement ‘productrice’, car les pionnières du genre sont principalement féminines. 

Peggy Gou en tête de liste

Un bon mélomane de la musique électronique a difficilement pu passer à côté du phénomène Peggy Gou. Seule représentante de la Corée du Sud au sein du dernier Top100DJs, (24ème) cette ancienne collectionneuse de vinyle est devenue grâce à ses différents EPs (‘Art Of War’, ‘Seek For Maktoop’, ‘Once’, ‘Moment’ …) une artiste majeure de la scène underground. Basée aujourd’hui à Berlin, elle s’est même faite un nom aux yeux du grand public avec son désormais hit ‘Starry Night.’ (Titre issu de son EP ‘Moment’ et bande-son d’une célèbre publicité d’une marque de prêt-à-porter.)

Plus tôt dans l’année, elle a également participé au dernier film ‘Batman’ avec ses trois autres titres ‘Darkroom’‘Troop’et ‘Fresh.’ 

Son année 2022 a aussi été marquée par ses concerts réguliers sur les deux côtes américaines et plusieurs festivals à travers l’Europe. La DJ sud-coréenne a été, pendant une bonne partie des 12 derniers mois, sous le feu des projecteurs … de quoi parfaitement justifier ce bon de 14 places au sein du dernier Top100DJs !

L’artiste profite également de sa popularité pour faire briller les artistes émergents avec son propre label Gudurecords. Le producteur Dukwa y dévoilera son EP ‘Matter Of Time’ le 29 novembre prochain. 

Cover de ‘Matter Of Time’, similaire à la ‘Vague de Kanagawa’ d’Hokusai, célèbre œuvre asiatique du XIXème siècle. 

Yaeji, Park Hye Jin … Les autres phénomènes expatriés de la Corée du Sud

La particularité de la K-House vient aussi du fait qu’elle s’est démocratisée en dehors de la péninsule. Nous venons de le voir avec Peggy Gou, basée à Allemagne, mais son cas ne fait pas figure d’exception : Yaeji a fait ses marques aux États-Unis, dans les clubs de Brooklyn. Sa touche hip-hop saupoudrée de rythmes downtempo font le charme de ses productions. Quelques mois avant l’apparition de sa première mixtape ‘WHAT WE DREW’ dévoilée en 2020, Yaeji s’est produite sur la scène mythique de Coachella

Parcours similaire pour la multitâche Park Hye Jin. Alternant entre la house sombre, le rap et la musique punk, l’artiste est originaire de Séoul mais a fait ses gammes à Los Angeles. Passée par le DC-10 d’Ibiza ou encore chez Boiler Room, elle a sorti un premier album de 15 titres (avec deux bonus) ‘Before I Die’ l’année dernière.

Parmi les autres artistes à suivre, la prometteuse Didi Han du label Roche Musique. Tout comme les artistes précédemment cités, elle a quitté la Corée du Sud pour Paris afin de se produire avec le label français. Une évidence :

« En Asie, il est difficile d’émerger en produisant de la musique électronique. Après être arrivée à Paris, je me suis rendu compte que ça pouvait être un métier. En Corée, le gouvernement ne respecte pas forcément le travail de DJ. Pour eux, les DJs sont uniquement liés au monde de la nuit, qui lui-même est associé à des choses négatives. » (Propos recueillis par le site rtbf.be

Son premier EP ‘Wake Up’, inspiré d’un voyage à Bali en 2020, rassemble différentes sonorités autour du jazz, du hip-hop, de la house et de la musique LoFi. 

Parmi les autres représentants de la K-house, DJ Bowlcut est une figure plus locale. Alternant entre la musique LoFi et la Dub, il est aussi connu dans l’industrie pour être le directeur de la programmation musicale et le cofondateur de la Seoul Community Radio. Cette plateforme s’est installée au sein de la capitale sud-coréenne il y a 6 ans. Inspiré de ce qui peut se faire en Occident, ce modèle est devenu en peu de temps la référence des fans de musique électronique en Corée du Sud :

« Je me suis vraiment bien plu en Corée et j’ai découvert une scène musicale underground vraiment minuscule. Ça ressemblait à ce qui se passait à Londres ou en Europe 10 ou 15 ans auparavant. Tout était petit, brut et pas trop commercial. Il y avait un bon mélange entre les étrangers et les Coréens. C’est vraiment un chouette endroit pour créer des choses car ici le milieu n’est pas saturé. »  Selon Richard Price, l’autre fondateur de la Seoul Community Radio

L’Ultra Korea, le rendez-vous électro … d’Asie ? 

En plus de ses artistes, la Corée du Sud s’est aussi fait remarquer ses dernières années pour ses festivals de renoms. Le plus célèbre est sans aucun doute l’Ultra Korea. Lancé en août 2012 comme premier événement de l’Ultra en Asie, le festival a accueilli depuis 10 ans les plus grands noms de la musique électronique comme Tiësto, Hardwell, The Chainsmokers ou dernièrement Timmy TrumpetMarshmello, Nicky Romero et Oliver Heldens.  L’événement a lieu chaque année au stade Olympique de Séoul, enceinte construite à la base pour les jeux asiatique de 1986 et les JO de Séoul de 1988. 

l’EDC Korea Festival a aussi été un rendez-vous marquant en Corée. Ses sculptures et différents effets spéciaux accompagnaient une programmation dantesque : en 2019, le festival a accueilli des pointures comme Alison Wonderland, Alesso, Deadmau5 ou encore DJ Snake ! 

Comme nous venons de le voir, la musique électronique est loin d’avoir exploité tout son potentiel en Corée du Sud. Néanmoins, plusieurs moyens ont été mis en place pour lutter contre les aprioris et favoriser le développement de la scène underground. Elle sera à suivre de près, et comptez sur la rédaction de DJ Mag pour cela !

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