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Interview : Worakls fait sa rentrée

Publié le 19 septembre 2022

Après une tournée nord-américaine remarquée cet été, Worakls est déjà prêt à reprendre la route ! Ce vendredi, l’artiste lancera à Lyon le coup d’envoi d’une série de dates à travers l’Europe avec notamment cinq shows en France – dont le Zénith de Paris dès samedi. L’occasion pour le Français de retrouver sa configuration Orchestra dans une version amplifiée qui le verra partager la scène avec seize musiciens classiques, cinq solistes et deux chanteurs. Worakls nous dit tout sur cette nouvelle tournée mais aussi sur son prochain album à venir, son engagement écologiste ou même sur sa récente participation au ZEvent.

Tu reviens d’une belle tournée nord-américaine cet été. Comment s’est passée cette aventure ? 

Ça s’est super bien passé. J’ai fait un gros festival à Montréal qui s’appelle Osheaga, j’ai fait aussi plusieurs villes américaines et je suis retourné au Canada pour faire Toronto. Tout était super. Je suis très content parce que quand j’ai commencé à retourner aux Etats-Unis, j’avais un peu l’impression de repartir de zéro. C’est un public différent, ils ont des modes différentes, etc. Parfois ça fait un peu peur parce qu’on a l’impression de revenir à une notoriété d’il y a dix ans. Mais ça va très vite, le public répond hyper bien à ma musique et je vois une belle évolution. On a même fait plusieurs shows sold-out à New-YorkLos Angeles et San Francisco.

Est-ce que tu vois des différences dans la façon dont le public réagit à ta musique, comparé à ce que tu peux connaitre en Europe ? 

Je pense que globalement dans tous les pays on n’a pas la même façon de réagir aux morceaux mais c’est quand même très similaire. Ce qui va différer, c’est la culture. Eux ils ont une culture qui est fraichement EDM de manière générale. Nous on a beaucoup plus cette culture électronique alors que pour eux c’est très nouveau. Et puis ils sont passés par des styles qui sont différents des nôtres. Ils ont eu beaucoup plus d’EDM plus tôt que nous mais aussi des styles que l’on n’a pas trop eu comme le dubstep ou la bass music de manière générale. Donc ils se sont créé une culture qui part d’un endroit un peu différent de la nôtre mais honnêtement quand je joue mes morceaux là-bas, j’ai les mêmes réactions que quand je les joue ici. Et c’est cool d’autant plus que là-haut c’est encore tout frais. En Europe ça fait un moment que je tourne et pas mal de gens connaissent mes morceaux. D’une certaine manière tu as moins de challenge, tu peux arriver sur scène et les gens sont déjà contents avant même que tu ais commencé à jouer. Alors que là-bas tu arrives, tu as à peine un tiers des gens qui te connaissent, ils ne savent pas ce que tu vas faire et tu dois refaire tes preuves.

Ce vendredi tu reprends déjà la route avec une nouvelle tournée à travers l’Europe qui marque également le retour de la formule scénique Worakls Orchestra que tu as lancée en 2019. A quoi peut-on s’attendre pour ces nouvelles dates ? 

Déjà il y a à peu près le tiers des morceaux qui est complétement nouveau. Ensuite on a plus de musiciens, on a des solistes en plus, du chant, ce que l’on n’avait pas en 2019, de la guitare, ce qui est aussi une nouveauté, etc. Ça c’est ce qui est le plus visible mais ce qui saute moins aux yeux c’est l’expérience que j’ai engrangée depuis 2019. Moi ça m’a sauté aux yeux quand j’ai commencé à faire le nouveau show, j’ai voulu récupérer des morceaux de l’ancien show et j’ai trouvé ça nul (rires). Et c’est bien et pas bien cette histoire (rires). C’est bien parce que ça veut dire que j’ai progressé mais ce n’est pas bien parce que ça veut dire que je dois me retaper toutes les orchestrations, tout reprendre de zéro (rires). Mais quelque part c’est rassurant parce qu’on est dans un métier où on est souvent dans notre bulle et on se dit qu’il faut que l’on sorte de notre zone de confort, qu’il faut toujours continuer à apprendre. Là de remettre le nez dans mes partitions trois ans après et de voir que j’ai beaucoup progressé, c’est motivant. Et puis on a tous senti aux répétitions que ça envoyait. C’était beaucoup plus puissant qu’en 2019, tout était mieux.

Est-ce qu’il a des aspects en particulier où tu as pu sentir cette progression ? 

Quand j’ai écrit le show en 2019 c’était ma première vraie tournée orchestrale et le problème de ce genre de show c’est que c’est un peu gravé dans la roche. Une fois que tu as écris les partitions, pour changer une virgule c’est compliqué. Donc tu fais un peu un pari quand tu es tout seul dans ton studio et il faut après l’assumer pendant toute une tournée. Maintenant, j’ai pu voir ce qui marchait et qui ne marchait pas. Donc j’ai essayé de garder ce qui marchait et de corriger ce qui marchait moins. J’ai un peu l’impression d’avoir gagné sur tous les tableaux. Sur le plan orchestral bien sûr, parce que les partitions orchestrales sont mieux écrites et plus efficaces, mais aussi sur mes parties club. Je trouve d’ailleurs que cette dimension club je l’avais un peu négligée en 2019. Je sais aussi que mes techniciens, qui sont toujours les mêmes, ont aussi progressé et sur un show comme celui-là c’est super important d’avoir des techniciens au top. Donc je suis honnêtement stressé parce que c’est un nouveau bébé mais hyper confiant et hyper content. J’ai vu le travail qui a été fait aux répétitions et ça a dépassé mes propres attentes. Maintenant j’ai vraiment hâte de voir la confirmation par le public.

Derrière cette tournée, tu travailles également sur un nouvel album qui devrait arriver prochainement. Est-ce que c’est important pour toi de garder un attachement au format album ? 

L’objet en tant que tel, pas vraiment. Moi ce qui me plait c’est qu’un album représente une période bien marquée. Il y a un début et une fin. Donc quand tu l’accompagnes d’une tournée comme celle-là, les deux vont être à jamais liés et c’est plus ça qui m’intéresse dans le format album. Donc oui je vais sortir un album parce que j’ai envie qu’il représente cette nouvelle tournée, les deux années qui viennent de s’écouler et l’année suivante. Quand tu sors des singles c’est un peu plus intemporel, on s’en moque de la date de sortie. C’est un morceau et voilà. Alors que quand on parle d’un album, c’est un album de telle année. C’est une manière de marquer où j’en suis et ce que je veux défendre à ce moment précis.

Et alors à quoi peut-on s’attendre pour cet album ? 

A tout (rires). J’ai cette chance d’avoir un public qui me suis depuis des années dans mes folies. J’ai même l’impression que c’est à chaque fois que j’essaie les trucs les plus fous que ça marche le mieux. Donc là pour le coup je me suis par exemple essayé à, entre guillemets, la pop. Il y a une chanson qui arrive avec une artiste française. Je ne pervertis pas, ça reste mon style avec de l’orchestre, mon style de musique électronique mais c’est un morceau beaucoup plus lent que le reste, qui est chanté, avec des couplets et des refrains. Donc c’est encore une nouvelle expérience. J’ai déjà sorti ‘Hiba’ qui est très spécial puisqu’au centre du morceau c’est une voix lyrique avec un grand crescendo pour exploser seulement à la fin sur de l’électro. Ça aussi c’était une expérience. Je viens également de sortir deux morceaux plus électro, ‘Pipeline’ que j’ai fait pour participer à une action d’activistes écologiques et ‘54’ que j’ai fait pour ma fille. Ce sont des morceaux qui sont déjà tous différents les uns des autres et vont encore arriver d’autres morceaux très spéciaux aussi, dont notamment quelques collabs.

Tu cites ‘Pipeline’ qui est un morceau engagé, écrit pour accompagner l’action de militants écologistes qui voulaient dénoncer un projet d’oléoduc en Afrique de l’Est mené notamment par Total. Aujourd’hui il y a de plus en plus d’artistes électroniques qui prennent la parole pour défendre diverses causes. Toi avec ce morceau, ton engagement passe aussi par ta musique. Est-ce que c’est quelque chose d’important pour toi ? 

Ce n’est pas tant que je veux que ça passe par ma musique. Moi je suis engagé dans l’âme et dans l’idée. Parce que pour moi on est tout simplement en train de détruire la planète et il faut que l’on change des choses, il faut que l’on s’engage tous à la hauteur de ce que l’on est prêt à faire. Moi ma force actuelle est dans ma musique et c’est en ça que je peux, je pense, le mieux aider les différents intervenants qui sont bien plus que moi impliqués dans ce milieu. Quand je fais cadeau d’une bande originale à mon ami Hugo Clément c’est pour participer à cet effort de guerre. Quand je fais ‘Pipeline’, je le fais sur une commande d’une autre amie qui est Camille Etienne et qui est une activiste qui avait prévu avec son équipe une action contre Total. Moi la meilleure façon de les aider c’est de leur fournir ça et je pense que c’est là où je suis le plus utile. Si ma musique peut aider, je la mettrai toujours à disposition pour ceux qui veulent faire ça. Et évidemment gratuitement parce que c’est ma participation comme le disais à « l’effort de guerre ».

Est-ce qu’il est facile de concilier cet engagement écologiste et ta carrière d’artiste ?

Ce n’est pas toujours facile parce qu’on est quand même parfois en proie à des remarques. J’ai beau me dire à fond écolo et essayer de faire le maximum, je sais que quand je le dis il y a toujours beaucoup de commentaires, notamment sur les réseaux sociaux, pour me dire que je prends toujours l’avion. Oui malheureusement. Malheureusement c’est mon métier qui veut ça et je suis obligé. Mais pour autant on ne m’a jamais vu dans un jet privé et on ne m’y verra jamais. Et ça, bien avant que l’on en parle. Mais effectivement ce n’est pas évident. Pendant longtemps j’ai été lisse malgré le fait d’avoir beaucoup d’idées. Donc maintenant c’est une conviction que j’ai et je me battrai pour. Et si ça doit mettre un peu des bâtons dans les roues de ma carrière parce que j’ai ces idées, tant pis ce n’est pas grave. Le jeu en vaut la chandelle.

En parlant de ton engagement, on t’a aussi vu récemment au ZEvent. Quel retour tu fais de cette expérience ? 

Ces gens sont tellement géniaux. Personne ne leur demande rien, ils se regroupent pour faire gagner de l’argent et faire avancer une cause. En plus pour le coup cette année c’était l’écologie donc pour moi c’est parfait. C’est le streameur Shaunz qui m’a invité à participer et avec mes musiciens en une heure on a réussi à lever un peu plus de 20 000 euros. Sur l’intégralité du week-end ils ont dépassé les dix millions donc c’est génial. C’est un petit truc mais ça va aider cinq associations importantes et tout ce que je pourrai faire comme ça, je le ferai, toujours bénévolement, et je serai content de le faire.

Est-ce que tu étais déjà familier de ce monde des streameurs et est-ce qu’on pourrait te voir à l’avenir sur une plateforme comme Twitch ? 

J’ai un petit peu commencé à le faire. Par exemple ‘Pipeline’ je l’ai fait en grande partie sur Twitch. Je voulais me lancer sur Twitch parce que je trouve ça sympa mais aussi, pour être totalement transparent, parce que je savais la masse de travail que j’allais avoir et je voulais que ça me motive à avancer. Alors je suis nouveau dans ce domaine et je n’ai pas du tout d’ambition mais je trouve ça sympa et c’est super de pouvoir échanger avec les gens. Souvent ce sont des personnes qui veulent elles aussi devenir musiciens ou compositeurs et le fait de pouvoir les aider, leur expliquer ma façon de voir les choses, ça peut parfois leur donner un petit boost de confiance. Le fait d’avoir quelqu’un en face qui te dis en direct que tout est possible, ça peut aider. Et puis ça me permet d’échanger avec mes fans donc ça aussi c’est super. Je suis toujours hyper reconnaissant d’avoir des gens si bienveillants qui écoutent ma musique et je suis toujours content d’essayer de leur rendre l’ascenseur, que ce soit bêtement en prenant une photo à la fin d’un show ou comme ça en leur montrant des petites techniques ou en leur parlant. Et honnêtement c’est aussi pour moi un shoot de bonheur.

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