La canadienne TDJ nous dévoile les contours de ‘SPF Infini : Genesis’, dernier épisode de sa série de compilations hybrides à la croisée du son et de l’image, entre trance, techno et eurodance.
Clap de fin pour ‘SPF Infini’, le projet titanesque et protéiformes de TDJ. Sur ‘Genesis’, quatrième et dernier volet de la série, la productrice continue d’étendre son univers radieusement mélancolique au carrefour de la trance, de la techno et de l’eurodance. Comme ses prédécesseurs, ‘SPF Infini : Genesis’ nous parvient dans un format hybride sous la forme d’une compilation mixée, s’accompagnant d’une vidéo qui joue avec les codes du clip, du live et de l’expérimental. Avec 35 titres, des invités de choix (Panteros666, fknsyd, Peterparker69, SoFTT,Yoshiko, GrandV, Trancemaster Krause…), près d’une heure et demie de musique et d’images, TDJ clôt cette parenthèse en beauté. Avant de se plonger dans de nouveaux projets, celle qui vient de rejoindre l’écurie française All Night Long (NTO, Trym, Folamour, Urumi…) revient pour nous sur l’aventure ‘SPF Infini’.
Qu’est-ce qu’est SPF Infini ? Un espace d’expérimentation, une manière d’assouvir un besoin de travail collaboratif, une façon de mélanger les formats et modes d’expression ?
C’est un mélange de tout ça. A la base je voulais faire une compilation avec de la musique originale et en faire un mix. Dans un premier temps l’idée était de créer un lien collaboratif avec des artistes de partout qui m’inspirent et qui rejoignent mes goûts musicaux. Le premier volet a été créé pendant le confinement, c’était l’occasion de tisser des liens avec des gens à l’international sans être en contact physique. De là ça a évolué, c’est devenu une plateforme un peu expérimentale, particulièrement du côté visuel. On explore différents sujets d’actualité, des choses qui nous touchent tous plus ou moins, avec curiosité mais sans porter de jugement ni tirer de conclusion.
Est-ce que tu donnes un cahier des charges aux artistes que tu invites sur ‘SPF Infini’ en termes de direction musicale ?
Effectivement, il y a beaucoup de direction artistique sur ce genre de projet. La direction est la même depuis le début. J’avais envie d’un projet assez libre en termes d’expression mais qui rejoigne mes influences, la trance euphorique avec de grosses montées, la trance des années 2000-2005… J’ai quand même toujours laissé aux artistes leur liberté d’expression. Tout ce que je leur ai dit, c’est que je voulais quelque chose qui touche à un côté mélancolique tout en étant euphorique et grandiloquent, avec cette idée de voyage infini, de pouvoir s’évader comme on veut n’importe où et n’importe quand.
‘SPF Infini : Genesis’ est le quatrième et dernier volume de la série. Tu as l’impression d’avoir fait le tour du concept ?
Ce sera le dernier car j’ai l’impression que, des fois, il faut savoir passer la balle à quelqu’un d’autre. Je ne dis pas que c’est ce qui sera fait, mais j’ai envie d’étendre le lien collaboratif jusqu’à la personne qui prendrait en charge les mixes. Mon idée était de fonder un genre de famille, ce que j’ai fait à travers les quatre ‘SPF Infini’. Il n’y a jamais de limite à ça mais j’ai envie d’aider d’autres artistes à faire ce que j’ai fait sur ces éditions, différemment. A voir, c’est en discussion.
Comment as-tu réuni cette famille ? Par des rencontres, en faisant du digging ?
Effectivement il y a beaucoup de digging sur internet, surtout sur cette édition et la première. Le premier volet a eu lieu pendant la pandémie donc tout se passait sur internet. Sur celui-ci il y a beaucoup de nouveaux artistes que je ne connaissais pas avant de commencer à faire des recherches pour cette compilation.
« j’avais envie de déconstruire l’idée des genres qui sont associés à la compilation«
Au-delà de la famille que tu as créée au travers de ces compilations, as-tu le sentiment qu’elles t’ont également aidée à définir ou à élargir le périmètre dans lequel ta musique se situe ?
Je dirais que le mien était assez clair depuis le début, mais c’est sûr qu’écouter les chansons des artistes que j’aime et qui collaborent avec moi cimente mon style, et ce vers quoi je veux aller. Cependant, j’ai une idée assez claire de ce que je veux faire. Sur cette dernière édition de ‘SPF infini’, qui est un peu spéciale, j’avais envie de déconstruire l’idée des genres qui sont associés à la compilation, la techno, la trance, l’eurodance, qu’ils soient un peu plus diffus. C’est pour cette raison que ‘SPF Infini : Genesis’ est mon édition préférée, j’ai le sentiment qu’on touche à plus d’influences que sur les précédentes. C’est davantage les montagnes russes, on voyage dans les BPM, les ambiances, qu’elles soient tristes, joyeuses, euphoriques, dark…
Comme pour les éditions précédentes, tu accompagnes la compilation d’un mix mis en valeur par une vidéo particulièrement soignée. Quelle était l’idée derrière ce dernier film, dont tu as confié la réalisation à Laurence Baz Morais ?
J’ai eu l’idée pendant une soirée avec des amis à Paris. On essayait de trouver une idée de lieu où filmer ce dernier SPF, et j’avais l’impression qu’en ayant déjà été dans des endroits iconiques dans les trois premiers, on avait fait le tour de ce concept. J’essayais de trouver une manière de sortir de ça, d’où l’idée de faire la vidéo dans un avion. Ça reflète aussi ma réalité à l’heure actuelle. Je vais me faire juger sur mon empreinte carbone mais je passe beaucoup de temps dans l’avion (rires). J’avais envie de cet espèce d’espace intemporel, qui permet d’avantage de se concentrer sur l’image par rapport aux vidéos précédentes car l’environnement est plus petit, plus concis. Ça donne un esprit très tangible à cette vidéo.
L’intensification de tes dates et du rythme qui va avec a-t-elle un impact sur ton rapport à la création ?
C’est plus difficile de créer autant que j’aimerais. J’aime faire de la musique tout le temps, ça fait partie de mon quotidien et de mon équilibre, c’est un besoin , donc oui ça a changé mon rapport à la musique à ce niveau-là. Je n’ai pas l’habitude d’aller en studio mais là je n’ai plus trop le choix, je dois louer des espaces si je veux avoir la qualité que je recherche. C’est la partie un peu difficile de la tournée, de ne pas pouvoir me poser où je veux et faire de la musique autant que je veux. En même temps ça donne une autre perspective qui est intéressante, le fait de jouer devant du monde tout le temps et d’avoir des réactions à ce que je joue, c’est inspirant. J’explore d’autres chemins, je fais des formats de tracks que je n’aurais pas pensé faire avant. Aussi, le fait d’être constamment face à du monde rend ma création un peu plus efficace.
Tu dévoiles ‘SFP Infini : Genesis’ d’un bloc, sans single ni morcelage des 35 titres qui composent la compilation. Pourquoi ce choix, singulier à une époque où les longs formats n’ont plus la cote et où les sorties font généralement l’objet de nombreux teasing ?
J’ai l’impression que ça forme un tout. Même si il y a 35 chansons, j’ai l’impression que ce qui est intéressant c’est vraiment le tout que ça créé. Je préfère présenter le projet d’un seul coup parce que j’ai l’impression que c’est ce qui a le plus d’impact. Aussi, il me semble ces jours-ci que le monde a tendance à oublier rapidement les choses, en général. Je me suis dit que ce serait plus efficace d’annoncer tout ça un ou deux jours avant et de tout sortir d’un coup. Ça créé un effet d’explosion sur le moment plus efficace que d’avoir plusieurs petites explosions par-ci par-là.