Interview : les premières fois de Myd

Publié le 28 avril 2022

Inutile de présenter Myd, tant le DJ et producteur est partout depuis la sortie de son EP ‘All Inclusive’, paru chez Ed Banger Records et porté par le succès de ‘The Sun’. Trois ans plus tard, le Français a trimballé sa casquette aux quatre coins du monde, sorti un premier album, ‘Born A Loser’,  vu l’un de ses titres remixé par Laurent Garnier himself, glané une nomination dans la catégorie “Révélation masculine” aux Victoires de la musique, et créé le buzz avec Squeezie sur l’improbable ‘Time Time’. Voilà qui fait beaucoup de première fois pour Myd, auxquelles s’ajoute sa première date à Ibiza en cette fin avril. Nous n’avions donc d’autre choix que de lui proposer une interview sur le thème « premières fois ». Let’s go.

Quel est le premier concert que tu as été voir ?

C’était Dorothée, la star de la télé, dont j’étais très fan. Mes parents m’ont emmené la voir en concert et c’était un super spectacle avec de la danse, du chant… C’était vers Lille, et je me souviens même être reparti avec un poster.

Le premier CD que tu as acheté ?

Ça devait être un CD deux titres de Aqua. C’était déjà très électronique, c’est vraiment de la dance pimpée à la sauce pop. J’étais un très grand fan d’Aqua.

Tu te souviens du tout premier morceau que tu as terminé ?

Oui, c’était un morceau sur lequel je copiais Fatboy Slim. J’avais samplé des discours américains sur l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima. J’essayais de faire comme les sons que j’adorais et où on entendait des preachers sur de la house. Je faisais pareil, mais avec un vieux discours de président. C’était pas génial, mais je l’avais quand même gravé sur CD, histoire de dire « j’ai fini un morceau ».

La première fois que tu es monté sur scène ?

J’avais 17 ans, et c’était à Lille dans un bar qui s’appelait le Stax O Soul, un endroit où tu pouvais faire des concerts devant une cinquantaine de personnes. J’avais rencontré deux gars à Lille en juin, un chanteur et un bassiste, moi je faisais de la musique électronique, et on s’était donné pour objectif de faire un concert dès le mois de septembre. On a été voir le bar, on leur a dit qu’on était chaud pour venir jouer gratuitement, qu’on allait faire venir du monde, et on a passé tout l’été à faire des morceaux et à chauffer tous nos potes sur notre projet de concert, donc forcément ça s’est bien passé !

La première date qui a compté pour toi ?

J’adorais aller voir des concerts quand j’étais ado, et étant de Lille, j’allais forcément au festival de Dour, en Belgique, où ma mère me conduisait avant de revenir chercher un cadavre quatre jours plus tard. J’y allais tous les ans avec mes potes, c’était un peu une tradition. Quand j’ai commencé à faire des concerts, ça me rendait envieux de voir des gens jouer sur d’énormes scènes, ce qui est un peu un mauvais sentiment. J’étais dans la fosse et ça me rendait trop mal, je n’arrivais pas à apprécier. Un jour on a joué à Dour avec Club Cheval, dans cette tente où j’avais été tellement jaloux des groupes sur scène. C’était très symbolique et ça m’a touché, je me suis dit : « Enfin, j’y suis ! » Ce concert de Club Cheval a Dour est un moment très important pour moi.

Tu as connu pas mal de premières fois depuis le début de l’année : première nomination aux Victoires de la musique, premier portrait dans Le Monde, premier disque d’or, et même ta première apparition dans le classement des influenceurs de Challenges ! Laquelle t’a le plus marqué ?

Les « meilleurs » influenceurs ! (rires). En termes d’émotion, c’est vraiment très différent, c’est comme comparer la première fois où tu couches avec quelqu’un et la première fois où tu manges des huitres, on n’est pas sur les mêmes sentiments, même s’ils sont chacun forts dans leur domaine. (rires) Quand tu vis ces choses, c’est très fort sur l’instant, mais c’est surtout ce que ça engendre derrière qui importe. Ça t’amène à un nouveau palier, et ça te pousse à faire plein d’autres choses. Ça fait monter la pression mais c’est excitant, c’est pour ça que je fais ça. Quand tu as un disque d’or tu te demande comment on fait un disque de platine, les Victoires de la musique m’ont quant à elles ouvert une porte vers la télé et un plus large public, m’ont permis de pouvoir voir de nouvelles réactions à ma proposition musicale et même visuelle. Ça fait plaisir, ça te montre que plein de choses sont possibles. Quand je mets 15 marionnettes sur scène, que je les fais chanter et que tout le monde trouve ça fun, je me dit : « Ah ok, on a le droit de faire ça ! Très bien alors, continuons ! »

As-tu ressenti un impact des Victoires de la musique sur la manière dont le public te perçoit ?

Complètement. C’est un peu la cruauté des Victoires de la musique, quand tu es nommé on te dit que tout le monde s’en fout, que personne ne regarde, que c’est poussiéreux, que c’est de la vieille télé pour les vieux, mais quand tu es à 5 minutes de ton show, tu te rends compte par les textos que tu reçois que la France entière regarde, que tout le monde va juger ta prestation, et que les artistes qui t’ont dit qu’ils les ont déjà fait plusieurs fois et qu’ils s’en foutent sont sous pression et veulent tout niquer. Ça reste un rendez-vous important et assez symbolique, on sent qu’il y a un avant et un après.

Une première fois que tu aimerais réaliser cette année ?

J’aimerais bien faire Fort Boyard !

On te l’a proposé ?

J’ai été assis à côté d’Olivier Mine lors d’une émission de télé et on a eu cette discussion, même si rien n’est fait… Il n’y a pas grand chose qui m’excite dans le paysage télévisuel, mais aller rendre visite au Père Fourras, pourquoi pas !

Tes premières impressions d’Ibiza, où tu viens jouer pour la première fois ?

On m’en avait beaucoup parlé en me disant qu’il fallait que je vienne, que j’allais adorer. Au final c’est une petite communauté dans le monde de la musique, avec des line-up assez fermés. Il faut d’abord ouvrir une porte, comme pour la télé, donc ma première venue cette année est aussi symbolique. Avoir une île au soleil où tout le monde écoute de la musique électronique et ne parle que ça, c’est quand même génial.

Question bonus : ton premier crush ?

Quand j’étais jeune il y avait une série qui s’appelait ‘Les incroyables pouvoirs d’Alex’, sur une ado qui avait des pouvoirs magiques et qui pouvait se transformer en flaque de mercure et passer sous les portes. Elle avait un style de skateuse et je pense qu’elle m’a trop conditionné à mon style de filles aujourd’hui. J’aime bien aussi le côté « pouvoir magique caché », j’aime bien l’idée de cacher ses talents, de les garder pour soi.

Crédit photo : ©Alice Moitié

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