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Interview : Cédric Gervais

Publié le 25 février 2022

Depuis plus de 20 ans, il est l’une des figures majeures de la scène électronique française. Parti des raves du Sud de la France, Cédric Gervais aura réussi à conquérir le monde à coup de tubes incontournables – à l’image de son remix du ‘Summertime Sadness’ de Lana Del Rey qui lui aura permis de devenir l’un des rares artistes français à décrocher un prestigieux Grammy Award. Loin de ses explorations aux accents pop des années 2010, c’est désormais avec un son plus tourné vers les clubs que le DJ et producteur a fait son retour. Preuve en est avec son nouveau single ‘Only One Night’ résolument taillé pour secouer les dancefloors. Cédric Gervais nous dit tout sur ce nouveau titre, son rapport à la France mais aussi son projet de série pour Netflix.

Comment est né ton nouveau single ‘Only One Night’ ?

Avant celui-là j’ai sorti deux morceaux, ‘Shake That Ass’ et ‘Hype’. Ce sont des morceaux plus club, plus tech-house. Un peu comme ce que je faisais à l’époque où j’ai commencé. J’ai eu des supers retours de DJs sur ces titres, je sais par exemple que David Guetta adore ‘Hype’ et le joue dans ses sets. Maintenant ‘Only One Night’ c’est un morceau que j’ai écrit l’été dernier pendant la pandémie et qui est un peu plus hybride. Je suis très content du résultat et j’ai très hâte de le faire découvrir au plus grand monde.

Tu évoquais tes précédentes sorties à l’esprit plus club. On retrouve aussi sur ce ‘Only One Night’ un côté très tourné vers les dancefloors. Aujourd’hui on voit que des styles comme la tech-house sont de plus en plus à la mode et que des DJs comme David Guetta que tu citais se mettent à jouer, ou à rejouer, une musique plus underground. Comment tu vois cette évolution ?

Il y a quelque chose de très important dans ce que tu viens de dire c’est que David Guetta rejoue de l’underground. Que ce soit David ou moi, nous avons commencé avec ça. C’est quelque chose qui est dans nos gènes. Mais c’est vrai qu’en ce moment il y a un mouvement et les gens qui aimaient une musique plus commerciale se tourne vers l’underground. Aux Etats-Unis les jeunes adorent ça et les gens veulent écouter Jamie Jones, Solomun, Black Coffee, etc. Je trouve ça vraiment super.

Toi qui es dans le milieu de la musique électronique depuis longtemps, comment tu te positionnes face à toutes les évolutions ou les changements de mode que tu as pu vivre ? Comment as-tu fait pour réussir à perdurer à travers le temps ?

Moi j’ai toujours fait ce que j’ai voulu. J’ai commencé avec de l’underground après j’ai voulu faire des choses plus commerciales comme ‘Molly’ ou mon remix de ‘Summertime Sadness’ mais j’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire. J’ai réussi à naviguer entre les styles et pour moi il n’y a pas vraiment de formule.

Est-ce que justement quand on a des gros tubes comme ceux que tu viens de citer, tu as pu parfois ressentir une forme de pression de la part de ton public qui attendait de toi que tu refasses de nouveau ce genre de hits ?

Oui totalement. Mais quand tu fais un ‘Summertime Sadness’ qui se vend à 8,5 millions de singles dans le monde, ce n’est pas que le public c’est aussi toi qui a envie de retrouver ça. Mais ce n’est pas facile à refaire. C’est pourquoi des gens comme David Guetta ou Calvin Harris qui arrivent à faire tubes après tubes il y en a très peu.

Quand on regarde ta carrière, tu as de nombreux tubes, des chiffres de ventes assez impressionnants et même plusieurs récompenses dont un Grammy Award. Pourtant on a parfois l’impression qu’en France lorsque l’on parle des artistes électro français qui marchent dans le monde, ton nom n’est pas forcément cité – ou du moins il n’est pas cité à la hauteur de tes accomplissements. Est-ce que c’est quelque chose que tu ressens et comment tu expliques ce décalage ?

La France c’est très bizarre pour moi. Je joue dans un club en France c’est l’Amnesia – qui est pour moi un des meilleurs clubs au monde. L’été dernier quand j’y ai joué c’était vraiment une de mes plus grosses soirées, j’ai senti une connexion avec le public, etc. Mais je pense qu’avec la France il faut être très présent. Il faut vraiment être là, y passer du temps, faire des tournées, etc. Et moi comme je suis parti très tôt et que je reviens que l’été, ça explique aussi ce décalage.

En parlant de ce rapport avec la France, il y a quelques semaines Madeon évoquait sur Twitter la différence qu’il avait pu ressentir à ses débuts entre le traitement et la réception de sa musique en France et aux Etats-Unis. Il parlait notamment d’un sentiment d’être beaucoup jugé ici alors qu’outre-Atlantique il avait été très rapidement accueilli et encouragé. Est-ce que toi c’est aussi quelque chose que tu as pu constater quand tu es parti t’installer là-haut ?

Quand on parle de l’ « American Dream » c’est la vérité. Aux Etats-Unis quand tu réussis, quel que soit le domaine ou le travail, les gens veulent être comme toi. Les gens t’encouragent, etc. Donc quand tu fais des interviews, etc., c’est toujours positif. Et c’est vrai qu’en France il y a beaucoup de jalousie je trouve et il faut toujours prouver quelque chose. C’est le seul truc qui me dérange avec la France. Donc je comprends parfaitement ce qu’a voulu dire Madeon parce que j’ai ressenti la même chose.

Pour revenir à ton actualité. Maintenant que tu viens de sorti ‘Only One Night’, à quoi peut-on s’attendre pour la suite de ton année ?

J’ai beaucoup de musique en stock et on va sortir un nouveau disque tous les mois. Je travaille aussi sur un programme qu’on veut vendre à Netflix. Ce sera une série sur l’explosion des DJs au début des années 2000, quand les DJs sont devenus des rockstars. C’est une série qui va être faite par le producteur de ‘A Star Is Born’ et scénarisée par quelqu’un qui avait travaillé sur la série ‘Breaking Bad’. J’ai travaillé dessus pendant six mois et je devrais aussi jouer dedans. Donc je devrais être très occupé en 2022.

Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce projet ? Comment tu t’es retrouvé dessus ?

En fait j’étais avec David Guetta à Aspen en train de skier et il y a le producteur Bill Gerber qui nous a demandé si on était intéressé pour travailler sur cette série. Au début on n’a pas compris mais il nous a expliqué et il a réuni tout une équipe de scénaristes. Nous on a parlé de la musique électronique, de notre expérience, etc., et eux ont créé la série autour de ça. On est donc producteurs exécutifs dessus et on va surement aussi en faire la musique. J’ai très hâte que vous puissiez voir ça.

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