L’édition 2024 de l’Initial Festival a une nouvelle fois fait vibrer Bordeaux au rythme de la musique électronique, confirmant que ce rendez-vous est en passe de devenir un incontournable de la scène électro en Nouvelle-Aquitaine. Sur deux jours, près de 25000 festivaliers ont envahi le Parc des Expositions dans un univers interstellaire.
Le thème de cette édition, comme pour les précédentes, est ancré dans une direction artistique spatiale. Après le succès des précédentes déclinaisons sur le « nouveau monde » inspiré de la pandémie, cette année, le festival a misé sur une ambiance lunaire et interstellaire. « On a choisi d’étoffer la thématique avec des noms de scènes comme Météorite, Comète et Astéroïde », explique Luc Faure, l’un des organisateurs. Ici pas de fioritures, les décorations sont minimalistes, mais chaque détail compte.
Les festivaliers sont conquis par l’atmosphère singulière du festival. « C’est comme si on dansait sur une autre planète. Il n’y a pas de superflu ici, juste de la bonne musique et un décor qui te transporte. On est loin des festivals surchargés où on en fait trop », affirme Mathilde, venue de Marseille après le Delta Festival avec un groupe d’amis.
Une programmation plutôt pointue
L’un des points forts de l’Initial Festival est sans aucun doute son line-up, qui allie artistes
internationaux, nationaux, mais aussi talents locaux, notamment des Bordelais qui s’imposent de plus en plus sur la scène électro. « On est content du line-up cette année. On a misé sur des artistes plus niche, plus spécialisés, et ça plaît énormément aux festivaliers » se félicite Luc. Les artistes de la région, comme Les Viatiques, Distill, ou encore Bruit Rose, qui a géré la scénographie de la scène warehouse, ont trouvé leur place aux côtés de figures internationales de l’électro.
Le vendredi soir, c’est VEL, membre de l’agence de la célèbre DJ bordelaise Anetha, qui a lancé les festivités. La soirée a ensuite vu défiler des poids lourds de la scène techno, avec notamment Nina Kraviz, toujours aussi captivante, et Marlon Hoffstadt, véritable révélation de l’année, qui a fait danser la foule sur son tube « It’s That Time », devenu viral sur les réseaux sociaux. Mais c’est sans doute le set de Patrick Mason qui a laissé l’une des impressions les plus fortes. Le DJ et performeur a littéralement électrisé le public. « Son énergie sur scène est incroyable. Il te prend et ne te lâche plus », raconte Sarah, une festivalière venue pour la première fois.
Le samedi soir, c’est Recondite qui a ravi les amateurs de minimale avec un set hypnotique, suivi de Paula Temple, impeccable derrière les platines. Mais le clou du spectacle, selon beaucoup de festivaliers, est revenu à Mind Against, qui a livré l’un des meilleurs shows du week-end. « Leur set était dingue. On avait l’impression d’être transporté dans une autre dimension, »s’enthousiasme Rafaël, un Bordelais passionné de musique électronique.
Une scène immersive, mais perfectible
L’une des nouveautés de cette édition était la reconfiguration d’une des scènes en format « boiler room », où l’artiste se place au centre du public. Bien que cela rappelle les fameux sets intimistes du concept, il manquait une immersion totale. « Ce n’est pas vraiment un boiler room, car le son ne vient que d’un côté, et personne ne se place derrière l’artiste, » regrette Jérémy. Toutefois, le spectacle reste impressionnant grâce aux installations lumineuses du collectif Scale, qui a su adapter son jeu de lumières aux différents sets, créant ainsi une synchronisation parfaite entre son et visuel.
La scène en plein air, quant à elle, a été appréciée pour son espace et sa liberté de mouvement, tandis que la scène couverte a permis aux festivaliers de s’abriter des quelques averses, notamment le vendredi soir. « On a eu peur avec la pluie, mais finalement, elle s’est invitée seulement à la fin du closing, donc ça allait. On est passés entre les gouttes », se réjouit Luc.
Des problèmes de son : une ombre au tableau
Malgré une ambiance et un décor au top, des soucis techniques sont venus ternir l’expérience sonore de certains. « Sur la Main Stage, il fallait vraiment être tout devant pour ressentir les basses et les vibrations. Le son manquait de puissance », déplore Julie, une festivalière venue de La Rochelle. Et elle n’était pas la seule à s’en plaindre. Dans le hangar, où les artistes se produisaient, les enceintes semblaient régulièrement « crasher », provoquant une certaine frustration chez les fans de hardstyle, venus en nombre pour écouter des artistes comme Lessss ou Rebekah. En réponse à ces critiques, les organisateurs du festival ont apporté des précisions sur les restrictions imposées. « Suite aux nuisances sonores excessives d’un autre événement (Madame Loyal, NDLR), la préfecture nous a demandé de limiter le niveau de décibels et l’impact des basses à partir d’une certaine heure. » Ce manque de puissance sonore a été l’un des rares points noirs de cette édition. Un aspect que les organisateurs promettent de régler pour les prochaines années. Dommage, avec un tel line-up…
Un cadre modulable et une ambiance conviviale
Malgré ces petits désagréments, l’Initial Festival continue de séduire par sa taille humaine et son cadre. Le Parc des Expositions, modulable à souhait, permet d’accueillir un nombre grandissant de festivaliers sans jamais sacrifier le confort. «On est proche du centre-ville, c’est super pratique.
Les gens peuvent venir en transport en commun, à vélo, ou même en voiture. Ce n’est pas un festival où tu galères pour accéder au site », se réjouit Yann, un Lillois venu pour la troisième fois.
Le festival prend soin de conserver une ambiance conviviale, loin de l’excès de certains grands événements. « Ce que j’aime ici, c’est qu’on a de l’espace pour danser. Même dans le hangar, on peut ne pas être entassés comme des sardines. Ça change des festivals où tu n’arrives même plus à bouger », sourit Chloé qui n’a pas raté la moindre édition.
En seulement trois éditions, l’Initial Festival est passé de 15 000 à 25 000 festivaliers, une
croissance impressionnante qui montre à quel point l’événement a su trouver son public. Mais pour les organisateurs, l’objectif n’est pas de courir après les chiffres. « On veut pérenniser le festival, mais aussi le développer petit à petit, sans trahir notre ADN. Chaque année, on étoffe la programmation, on ajuste les infrastructures. L’idée, c’est de faire grandir l’Initial sans perdre l’ADN qui semble plaire aux festivaliers », conclut Luc, déjà tourné vers l’édition 2025.
Hugo Bouqueau