Boiler Room a affirmé son engagement pro-Palestine. Crédits : Unsplash / Raw Visual Studio
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Boiler Room sort du silence et affirme son engagement pro-Palestine après son rachat par Superstruct (KKR)

Publié le 31 mars 2025

Boiler Room défend son autonomie et sa position pro-Palestine après des annulations d’artistes liées à son rachat par Superstruct, filiale de KKR.

C’était un message attendu. Il est arrivé sur Instagram, comme souvent désormais. Sobre, mais tendu. Car la pression était montée. Boiler Room, figure centrale de la scène électronique mondiale, a rompu le silence ce 25 mars pour répondre à une vague de désistements d’artistes, de critiques publiques et de mises en cause directes : son rachat par Superstruct Entertainment, filiale du fonds d’investissement KKR, passe mal.

En apparence, c’est une transaction comme tant d’autres : un acteur culturel absorbé par une structure plus large. Mais ici, la mécanique est plus sensible. Car Boiler Room s’est toujours revendiqué comme un projet indépendant, ancré dans l’underground, engagé dans ses choix, ses espaces, ses visages. Ce rachat, scellé en janvier, soulève donc une question essentielle : à qui parle-t-on quand on regarde Boiler Room ?

« Nous restons résolument pro-palestine »

Le communiqué ne cherche pas à éluder. Il affirme une chose nette : « Aucun investisseur, passé ou présent, n’a jamais influencé notre production, et cela ne changera jamais. » Puis une ligne, plus politique encore : « Nous restons résolument pro-palestine. »

Boiler Room précise suivre les principes du BDS et du PACBI, les campagnes appelant au boycott culturel d’Israël. Le texte déclare que l’équipe travaille avec des artistes palestiniens pour formaliser ses engagements. Une manière de réaffirmer une identité éditoriale — et morale — malgré un actionnariat qui, lui, raconte une autre histoire.

Car KKR, géant mondial de l’investissement, détient des participations dans des entreprises liées à la technologie militaire israélienne, à des fabricants d’armes, à des infrastructures controversées. Superstruct, sa filiale événementielle, possède ou contrôle une dizaine de festivals majeurs en Europe. Boiler Room en est désormais un fragment.

Retrait d’artistes

Ce que le communiqué dit aussi, à demi-mot, c’est la marge de manœuvre réduite de ses équipes : « Aucun membre du personnel de Boiler Room, à quelque niveau que ce soit, ne détenait de parts ou de droit de vote. » Une manière de dire : nous subissons, nous ne décidons pas. Ce n’est pas une excuse, mais un constat.

Les réactions ont été immédiates. Des artistes comme Ikonika, Beatrice M., Mia Koden ou 8ULENTINA ont annulé leur participation. Le collectif DAYTIMERS s’est retiré de tous les événements liés à Superstruct. La critique est claire : être programmé par Boiler Room aujourd’hui, c’est — de près ou de loin — légitimer un réseau dont la racine financière est jugée complice de politiques coloniales ou militaires. La PACBI, branche culturelle du BDS, a salué la position publique de Boiler Room, tout en appelant l’ensemble des festivals Superstruct à se désolidariser de KKR.

Préserver son ADN

Mais tout le monde ne s’y retrouve pas. Certains commentaires pointent des contradictions, d’autres demandent des actes forts, comme une grève ou un retrait pur et simple. Car entre l’engagement de façade et l’engagement réel, l’écart est souvent une question d’action.

Boiler Room marche aujourd’hui sur une ligne fine : celle d’un média qui tente de préserver son ADN dans un écosystème qui, lui, ne lui appartient plus. Et dans ce monde-là, il ne suffit pas d’être sincère. Il faut être crédible. Le reste est une affaire de temps. Et de cohérence.

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