La Pyramid Stage du Nibirii Festival, à Düren, près de Cologne, en Allemagne. Crédit : M. Koltschin
M. Koltschin

Aux origines des festivals cultes (7/7). Nibirii : un trip tribal au cœur de la techno européenne

Publié le 21 août 2025

Septième volet de notre série d’été sur les premières fois festivalières : en 2019, un ovni psychédélique et tribal débarquait sur la carte des festivals européens. Son nom ? Nibirii Festival.

Dès sa toute première édition en août 2019, Nibirii se distingue. Il ne cherche ni le gigantisme, ni la surenchère technologique, ni la rentabilité immédiate. Il cherche une ambiance. Une communion. Un voyage. Organisé par le Bootshaus (7e du Top100 Clubs DJ Mag), à Düren, entre Cologne et Aix-la-Chapelle, le festival s’installe au bord du lac Dürener Badesee, dans un site naturel à la fois sauvage, accessible et insolite.

Au cœur du spot : une immense pyramide en bois qui sert de point central, à la fois scène, écrin visuel et symbole tribal. C’est là, entre sable, forêt et plan d’eau, que se déploie le festival chaque année. Autour, trois scènes principales : Techno, Psytrance et Drum & Bass. On fait la fête de midi à une heure du matin, sans afters officiels, ce qui n’empêche pas les rencontres prolongées dans les campings alentours.

Crédits : M. Koltschin Rachel Ecclestone Photography, et Verbessert.

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Le nom « Nibirii » est un clin d’œil à une planète mystique venue des confins de notre galaxie. Le ton est donné : on vient ici pour s’éloigner du monde réel, mais sans fioritures. Pas de délires dystopiques ni de feux d’artifice : juste du son, du sable, de la tribu.

Techno, psytrance, DnB : la triade sacrée

Dès l’origine, Nibirii assume un positionnement hybride. Le festival n’est pas un énième clone de Time Warp ou un mini-Boom Festival. Il s’adresse à des tribus différentes, mais qui savent cohabiter : les technoheads, les tranceux, les junglists. Chaque scène est traitée avec le même soin. On ne relègue pas la psytrance dans un coin, on ne déshabille pas la DnB pour habiller la techno. Nibirii croit à la coexistence, presque à l’équilibre des énergies.

C’est ce qui, très vite, attire un public fidèle, presque tribal lui aussi. Des Allemands bien sûr, mais aussi des Belges, des Hollandais, des Français, des Suisses. Tous viennent pour retrouver leur scène, mais aussi pour découvrir l’autre. On peut croiser un fan de Liquid Drum & Bass pieds nus à la psytrance, ou un habitué de Berghain en train de découvrir l’énergie jungle d’un DJ UK.

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Une expérience en dehors du temps

Crédits : Verbessert et Rachel Ecclestone Photography.

Dès les premières heures du festival, on comprend que l’ambiance est à part. Le site, tout en nature et en clairières, est à taille humaine mais suffisamment vaste pour créer des respirations. Le camping est intégré, la déco artisanale, l’espace food diversifié. Tout incite à rester dans la bulle, pendant trois jours.

Et puis il y a la lumière. Celle de la forêt, qui filtre les rayons du jour. Celle des visuels, qui préfèrent l’organique au LED. Celle des gens aussi, qui brillent sans costumes, sans mises en scène, juste par la force du collectif.

La musique, elle, est omniprésente mais jamais étouffante. Les sets sont longs, narratifs, souvent progressifs. On laisse monter. On laisse venir. Pas de drop toutes les 32 mesures : de la construction, de la respiration. Comme un rituel.

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Grandir sans trahir

Malgré un démarrage juste avant la crise sanitaire, Nibirii a su se maintenir et grandir sans sacrifier son ADN. Dès 2021, le festival revient avec une édition marquante et un bouche-à-oreille de plus en plus solide. Les noms grossissent — I Hate Models, Liquid Soul, Mefjus, Klangkuenstler, Ghost Rider, Maduk — mais la structure reste la même. Trois scènes, trois genres, une identité.

En 2025, Nibirii n’est pas devenu un mastodonte. Mais les festival s’est déjà établi à la 52e position de notre Top100 festivals. Il accueille environ 20 000 personnes sur trois jours, ce qui le classe parmi les festivals à taille moyenne. Mais dans l’expérience ressentie, il garde quelque chose de l’intime, du communautaire. On y vient pour danser, mais aussi pour se retrouver. Pour s’égarer dans la forêt. Pour parler au petit matin. Pour ne plus savoir quel jour on est.

Et cette année encore, les trois scènes promettent une belle traversée sonore. Entre la techno brutale d’Alignment, la psytrance d’Infected Mushroom et la drum & bass de Subtronics, le voyage promet d’être total.

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Un festival miroir

Crédits : M. Koltschin.

Nibirii, c’est une expérience musicale, bien sûr. Mais c’est aussi un miroir. Il reflète une génération de fêtards qui veulent autre chose. Moins de show, plus de vécu. Moins de surproduction, plus d’énergie. Moins de posture, plus de sincérité.

Dans une Europe saturée de festivals, Nibirii fait le pari de la tribu, du trip, du temps. Et si son nom vient d’une planète lointaine, c’est peut-être parce que, sur Terre, il propose déjà un ailleurs.

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