Avec « Fade Away », Marion Di Napoli signe son premier EP en solo sous son nouvel alias, où sa voix devient l’axe central d’une techno personnelle et affranchie.
Depuis son changement d’identité artistique — en quittant son ancien alias La Kajofol — Marion Di Napoli n’a cessé d’affirmer une démarche personnelle et authentique, à contre-courant des codes dominants de la techno. À l’occasion de la sortie de son premier EP sous ce nouveau nom, « Fade Away », elle revient sur cette transition et sur un projet conçu comme un véritable acte d’émancipation musicale et émotionnelle.
Une transition assumée, une liberté retrouvée
Après plusieurs années passées sous l’identité de La Kajofol, l’artiste a ressenti le besoin profond d’un renouveau artistique. « Je ne me voyais pas répondre à ce nom dans cinq ou dix ans », confiait-elle déjà dans une première interview. Aujourd’hui, elle confirme que ce changement de nom a marqué une étape décisive : « C’était une sacrée décision de changer de nom en cours de carrière… Mais six mois plus tard, je suis sûre d’avoir fait le bon choix. »
L’EP « Fade Away » s’inscrit dans cette dynamique de mutation : « C’était une manière d’assumer mon projet et ma créativité musicale. » Un projet qu’elle a composé dans une forme de retrait volontaire : « Je ne faisais plus de dates, je n’écoutais plus du tout de techno pendant la prod. Je voulais composer sans aucun filtre. »
Contre les modes, une voix centrale
Très critique vis-à-vis de la scène actuelle, Marion évoque une saturation esthétique : « J’ai été pas mal impactée par la mode hard techno, tout devient un peu pareil musicalement. » Pour elle, cette tendance entraîne « un appauvrissement de la musicalité », avec « 90 % des drops sur les réseaux » qui manquent d’âme. Son EP prend donc le contrepied de cette uniformisation, en redonnant à la voix une place primordiale : « L’idée, c’est vraiment de travailler ma voix comme un vrai instrument, plus comme un truc de second plan. »
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Dans la première piste, « Fade Away », les vocaux riches en paroles portées par une mélodie intense ouvrent l’EP sur un ton à la fois mélancolique et affirmé. C’est la pièce la plus personnelle du disque, où elle se livre avec vulnérabilité : « C’est un ressenti du moment, assez lourd. »
Trois morceaux, trois phases émotionnelles
Le disque est conçu comme un voyage en trois étapes. Après l’intensité lyrique du premier morceau, « Let Go » prend le contrepied avec un silence vocal quasi total. « C’était important pour moi de ne pas faire trois tracks avec un gros vocal à chaque fois. Let Go, c’est une invitation au lâcher prise, avec juste quelques chopes vocales très éthérées. »
Enfin, « Elixir » ferme l’EP sur un ton plus introspectif et cinématique : « C’est une autre facette de mon univers… J’ai toujours rêvé de faire de la musique de film. » Elle y superpose des harmonies vocales en a cappella sur des textures orchestrales, inspirées d’artistes comme Hans Zimmer. Pour elle, cette piste représente « peut-être une porte ouverte, ou des points de suspension vers quelque chose d’un peu plus ambitieux ».
Une identité sonore en construction
Pour Marion Di Napoli, « Fade Away » marque le véritable commencement de son nouveau projet : « C’est un prologue, la première page d’un nouveau livre. » Elle affirme ne pas vouloir s’enfermer dans un style figé : « Je n’aime pas m’enfermer dans un style ad vitam æternam. » Sa musique, qu’elle qualifie de Mystical Techno, mêle kicks puissants, structures pop, vocaux lyriques et émotions brutes.
L’après – entre continuité et ouverture
Collaboratrice remarquée de Charlotte de Witte sur l’EP « Sanctum », où elle signait l’ensemble des voix, Marion confirme que cette relation devrait être amenée à durer : « Charlotte m’a dit clairement qu’elle voulait construire des choses sur le long terme avec les artistes de son label KNTXT. »
Encadrée par une nouvelle équipe de management, elle veut désormais « faire de la musique qui sort de moi, qui me ressemble », en laissant les tendances de côté. « Fade Away » est autant une déclaration artistique qu’un manifeste personnel. Et si Marion Di Napoli choisit de « disparaître » dans son art, c’est bien pour mieux exister.