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Interview : Popof

Publié le 17 novembre 2021

Popof est surement l’un des visages les plus identifiés de la scène underground française. Membre fondateur du collectif Heretik System, il aura été l’un des acteurs majeurs de l’essor du mouvement rave et free en France avant d’entamer au tournant des années 2000 un virage vers une musique moins dure, aux influences entre techno et tech-house. Le début d’une seconde carrière pour le DJ et producteur qui le mènera notamment au lancement de son propre label Form Music en 2009, à la sortie de son premier album solo ‘Love Somebody’ en 2015 et à des remixes pour des pointures telles Moby, Depeche Mode ou The Chemical Brothers. Toujours prêt à tenir le grand écart entre ses racines ‘hard’ et ses nouvelles aspirations musicales, Popof est de retour en cette fin d’année avec un nouvel EP ‘Hybrid’ signé sur le label Desert Hearts. L’occasion de profiter de deux tracks techno taillés pour les dancefloors et de deux remixes confiés respectivement à Sacha Robotti et SHADED.

Quel a été le point de départ de ton nouvel EP ?

En fait à la base ce sont deux morceaux que j’avais commencés avec un autre producteur il y a deux ou trois ans. On a laissé ça en suspend et quand je me suis repenché dessus, lui il était passé à autre chose et avait envie de faire un autre style de musique. Donc j’ai continué à les produire tout seul et je les ai proposés à Desert Hearts qui les a pris et a ajouté les deux remixes.

On comprend donc que cet EP est le fruit d’un long processus de création. Est-ce qu’au moment d’attaquer un nouveau morceau tu sais déjà vers où tu veux aller ou au contraire tu te laisses guider par la musique ?

C’est très souvent l’inverse de ce que j’ai envie de faire qui sort, et ça depuis toujours (rires). Si j’ai envie de commencer un truc techno je pars en mélodie et inversement. Mais je pense que je ne suis pas le seul à qui ça arrive. Surtout c’est bien parce que ça donne de belles surprises (rires).

‘Hybrid’ arrive alors qu’on commence tout doucement à voir le bout de toute cette période marquée par la crise sanitaire, les différents confinements, l’arrêt des concerts, etc. En tant qu’artiste, comment as-tu vécu cette période ?

J’en ai profité pour beaucoup bosser en studio. En dehors du COVID etc., moi ça m’a fait du bien de rester chez moi. Je n’ai pas trouvé ça désagréable de faire une grande pause comme ça. D’ailleurs j’ai parlé à beaucoup d’artistes autour de moi pour qui cette pause leur a fait aussi beaucoup de bien.

Est-ce que le fait d’être privé de scène a eu un impact sur la musique que tu as produite pendant cette période ?

Ce qui est marrant c’est que j’ai produit des choses beaucoup plus violentes que ce que j’avais tendance à produire avant. Comme s’il y avait un manque (rires).

Une fois cette pause terminée, est-ce que tu as eu un stress particulier à remonter sur scène ?

Grave (rires). Les premières scènes, même les premières minutes où tu reprends le matos, c’était assez stressant. C’est un stress qui semble avoir était partagé par de nombreux DJs.

Certains nous ont même confié qu’ils avaient craint d’avoir oublié comment mixer.

Moi j’ai beaucoup de contrôleurs quand je mixe et c’est vrai que la première reprise, il y a certains boutons j’avais oublié ce qu’ils devaient faire (rires). J’ai fait quelques streamings pendant le confinement mais avant de remonter sur scène je n’avais joué que trois fois dans l’année.

Pendant toute cette période de confinements successifs, on a vu qu’avec la fermeture des clubs, l’annulation des festivals, etc., de nombreux amateurs de musiques électroniques sont retournés à la rave et à la free partie. Est-ce que tu penses que cela peut se poursuivre maintenant et relancer un intérêt pour ces formes de fêtes auprès d’une frange du public ?

C’est vrai que j’ai aussi remarqué que les gens avaient besoin de sortir dans des soirées avec un esprit plus libre que ce que l’on trouve en club. En même temps les clubs étaient fermés donc ils n’avaient pas le choix non plus (rires). Mais en tout cas je trouve que c’est une super chose que ça revienne. La musique électronique c’est un peu un mouvement éternel, on revient toujours à un point de départ.

En parlant de mouvement, depuis tes débuts la musique électronique a beaucoup évolué. Toi-même, tu as aussi évolué dans ta proposition artistique en prenant un virage plus marqué techno et tech-house au cours des années 2000. Aujourd’hui est-ce que tu te sens à ta place dans tout cet écosystème de la musique électronique ?

C’est une bonne question ça. Moi je me sens forcément à ma place parce que je n’ai jamais cherché la gloire. J’ai toujours fait ma musique comme je la ressentais et comme elle me convenait et pas pour plaire aux gens. Donc je me sens bien avec moi-même. Et plus le temps passe, plus je sais musicalement vers quoi je veux me tourner. J’ai fait beaucoup d’erreurs en mélangeant tous les styles et en gardant le même pseudonyme. C’était un parti-pris de garder le nom Popof mais avec le recul je me dis que j’aurai peut-être dû faire les choses différemment. Mais après je ne regrette rien.

Est-ce qu’après toutes ces années dans le milieu, tu as encore des rêves ou des objectifs que tu aimerais atteindre ?

Musicalement non mais ça va plutôt concerner tout ce qui gravite autour. Développer le label, faire de l’organisation de soirées, etc. A Paris on a par exemple créé un collectif qui s’appel Sakral où on développe des soirées. On essaie vraiment de mette plusieurs forces ensemble pour mieux avancer.

Quelle est la suite pour toi maintenant ?

J’ai énormément de choses à venir (rires). Sur mon label Form on va sortir un pack de remixes de ‘Serenity’ avec des remixes par Vitalic, Booka Shade, OXIA, Pig & Dan, NTO et ATOEM. A côté de ça je travaille aussi sur deux remixes. Et pour Heretik on prévoit un album en 2022.

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