De Metro Boomin à Vini Vici, en passant par l’hommage vibrant à Avicii, Untold a vécu samedi une troisième nuit aussi intense qu’éclectique.
Cluj-Napoca, samedi soir, jour 3. Les stands scintillent, l’odeur des food trucks se mélange à celle des feux d’artifices, et au loin, la Main Stage d’UNTOLD projette dans le ciel ses lasers comme un phare pour clubbers. On s’enfonce dans la foule, brassée de langues et d’accents, jusqu’à se retrouver happé par le premier grand rendez-vous de la nuit : Metro Boomin.
Sur scène, le producteur d’Atlanta est droit dans ses platines, entouré de visuels à l’esthétique cinématographique. « Like That », « Creepin’ », les classiques pleuvent comme des coups de massue. Les basses résonnent jusque dans la poitrine. « C’est exactement pour ça que je viens ici », lance Adrian, 27 ans, venu de Bucarest, « tu as l’impression d’être dans un clip mais avec 80 000 figurants autour de toi ». La foule scande son nom, bras tendus, et quand il balance un medley surprise avec quelques sons trap plus underground, on sent que même les connaisseurs hochent la tête avec approbation.
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Hugel fait sensation
À peine le temps de respirer qu’Hugel enchaîne. Le Marseillais, roi des grooves latins, prend la scène d’un coup sec, sans préambule. Les percussions roulent, les voix hispaniques chauffent la foule. « Moi je le suis depuis Morenita », confie Sofia, Espagnole installée à Lyon, « le voir ici, dans ce contexte, c’est encore plus fort ». Alors qu’il s’était vidé après le passage de Metro Boomin, le stade se remplit une nouvelle fois en un claquement de doigts, chaque drop déclenche une marée de bras et une houle de cris. Hugel sourit, pointe un doigt vers le ciel, et relance la machine.
Puis vient l’entrée d’Alok et son show Keep Art Human. Les danseurs envahissent la scène, silhouettes noires et dorées évoluant au millimètre sur des rythmiques taillées pour la big room. Les écrans LED ne se contentent pas de diffuser des visuels : ils font partie de la chorégraphie. « Je n’avais jamais vu un set aussi théâtral », s’étonne Mark, venu de Londres. Chaque drop déclenche un tableau nouveau, comme un opéra à ciel ouvert.
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Avicii honoré
Le contraste est total avec le moment suspendu : Avicii Tribute. Quand Sandro Cavazza apparaît, c’est une vague qui parcourt la foule. « Without You » est repris en chœur, les yeux se mouillent. « J’avais 18 ans quand Avicii est décédé », souffle Elena, 25 ans, « chanter ces morceaux ici, c’est comme dire merci une dernière fois ».
La tension redescend légèrement avec Alan Walker, qui aligne ses hymnes comme autant de moments de communion : Faded, Alone, On My Way. Puis Steve Angello ramène une house plus brute, plus lente, presque cérémoniale, avant que Vini Vici ne vienne clore la nuit à coups de psytrance hypnotique. À 6h du matin, la Main Stage est encore debout, les derniers irréductibles sautant sur des BPM affolés, visage marqué mais sourire intact.
Parallèlement à la folie de la Main Stage, la Galaxy Stage vibrait sur une toute autre fréquence. Un monde à part, enfermé dans une pénombre rythmée par des stroboscopes blancs et des basses profondes. À partir du moment où [A:rpia:r] a pris les commandes, l’atmosphère est devenue hypnotique. Le collectif roumain, pilier de la minimal techno, a imposé son tempo lent et chirurgical, étirant les morceaux sur dix, quinze minutes, jusqu’à créer une transe presque méditative.
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Green Velvet en patron
« C’est comme une conversation qui ne s’arrête jamais », sourit Andrei, un habitué de la scène underground venu spécialement de Timisoara. Dans la foulée, Green Velvet a cassé la linéarité avec ses grooves acides et ses interventions vocales reconnaissables entre mille, déclenchant des cris à chaque intro de classique.
Puis le B2B Toto Chiavetta et Zamna Soundsystem a fait basculer la fin de soirée dans une house tribale et solaire, parfaite pour tenir jusqu’au lever du jour.
Dans les allées, les bénévoles ramassent déjà les déchets, les food trucks ferment leurs volets, et un couple de Roumains, bras dessus bras dessous, cherche la sortie. « C’est notre troisième Untold, » disent-ils, « et à chaque fois on se dit que ça ne peut pas être plus grand… et chaque année, ça l’est ».