Hausse des prix des plateformes de streaming. Crédit : Illustration Arthur A / Unsplash
Illustration Arthur A. / Unsplash

Streaming : Goldman Sachs prévoit des hausses de prix des abonnements tous les 12 à 24 mois

Publié le 4 septembre 2025

Les plateformes de streaming devraient augmenter leurs tarifs tous les 12 à 24 mois selon un nouveau rapport, alors que le marché mondial de la musique vise 200 milliards $.

Dans son rapport financier annuel « Music In The Air » qui fait déjà beaucoup parler, la banque d’investissement Godman Sachs prédit que les plateformes de streaming musical — Spotify, Apple Music, Deezer et consorts — s’apprêtent à augmenter leurs tarifs tous les 12 à 24 mois. Un rythme inédit, qui annonce un futur où l’accès illimité à la musique ne sera plus un abonnement figé, mais un service en perpétuelle réévaluation.

Aux côtés des hausses tarifaires, la stratégie passe par une meilleure monétisation des superfans — via de nouveaux services (audio premium, contenus exclusifs, accès aux concerts…) — qui pourrait générer jusqu’à 6,6 milliards de dollars de revenus supplémentaires d’ici 2035, soit une augmentation de 21 % des revenus du streaming payant.

Malgré un ralentissement, le streaming reste majoritaire

En 2024, les revenus de la musique enregistrée ont progressé de 4,8 %, atteignant 29,6 milliards de dollars, portés par une hausse de 10,6 % des abonnements à des services payants (752 millions d’utilisateurs). Le streaming représente désormais 69 % des revenus enregistrés mondiaux, contre un quasi-plafond pour les formats physiques.

Toutefois, 2024 a marqué une inflexion : la croissance des revenus était plus lente que les prévisions optimistes de Goldman Sachs. Le modèle ad-supported est également revu à la baisse, avec un taux annuel projeté de 5,7 % entre 2025 et 2030, contre 11,3 % auparavant.

Lire aussi. Loewe x Jacob & Co : des casques audio en diamant à 135 000 $ pour mélomanes fortunés

Pourquoi ces hausses s’imposent

La stagnation des abonnements sur les marchés matures pousse les services à diversifier leurs revenus. L’adoption massive des offres vidéo payantes (+15 % tous les deux ans) contraste avec la quasi-stabilité des tarifs musicaux jusqu’ici. Pour rester rentables, plateformes et majors doivent donc augmenter le panier moyen, rendaient déjà nécessaire par l’inflation et la pression sur les coûts.

Certaines expérimentations concrètes sont déjà en cours. Par exemple, selon le Financial Times, Spotify a discrètement augmenté ses abonnements dans plusieurs pays européens, tout en travaillant sur une offre « super-premium » plus chère — destinée aux superfans, avec accès anticipé à la musique et aux billets de concert.

L’impact sur les fans et les artistes

Cette montée tarifaire pose une question : les consommateurs seront-ils prêts à payer plus pour de la musique ? L’expérience suggère que les superfans le feront, surtout s’il y a un vrai supplément d’âme. Mais pour les publics plus occasionnels, cela risque de freiner la croissance.

Par ailleurs, si l’on ajoute la menace croissante de l’intelligence artificielle, certaines projections indiquent qu’elle pourrait grignoter près de 25 % des revenus des créateurs dans quatre ans, en l’absence de cadres régulatoires efficaces.

Lire aussi. SYNTHONY débarque en France pour ses premiers concerts européens

Un marché en pleine euphorie

En parallèle, le marché mondial de la musique pourrait doubler d’ici dix ans, atteignant la barre symbolique des 200 milliards de dollars de revenus. Une croissance portée non seulement par les hausses tarifaires, mais aussi par l’expansion des marchés émergents, où l’accès au streaming progresse à vitesse grand V. L’Asie et l’Amérique latine devraient jouer un rôle central dans cette croissance, avec une nouvelle génération d’auditeurs prête à payer pour un accès illimité à la musique.

Reste l’éternel débat : est-ce que cette manne financière bénéficiera enfin aux artistes ? Les plateformes promettent que l’augmentation des abonnements se traduira par plus de revenus redistribués. Mais dans les faits, les majors absorbent toujours la part la plus conséquente. Pour les artistes indépendants, la réalité est plus nuancée : un meilleur partage pourrait exister, mais il dépendra des négociations avec les labels et des modèles de rémunération choisis par les plateformes.

Vers un nouvel équilibre ?

En filigrane, c’est une redéfinition du contrat tacite entre public et industrie qui se dessine. Pendant quinze ans, le streaming a prospéré grâce à des tarifs très accessibles, qui ont convaincu les foules de quitter le téléchargement illégal. Désormais, il s’agit de convaincre ces mêmes abonnés que la musique vaut plus cher, tout en évitant une fuite massive vers d’autres canaux.

La décennie qui vient s’annonce donc comme un tournant. Le streaming ne disparaîtra pas, mais son prix évoluera sans cesse. Et la question demeure : cette croissance astronomique profitera-t-elle à ceux qui font la musique, ou seulement à ceux qui la distribuent ?

Lire aussi. Tomorrowland Winter 2026 : les dates de la billetterie dévoilées

Partagez cet article :)

Ses réseaux

Instagram

Youtube

+ en rapport avec l'article