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Interview : Kallaghan

Publié le 11 décembre 2023

Rencontre avec le producteur français passé du monde du rock à talent émergent de la sphère électro aux Etats-Unis.

Casser les codes et ne jamais s’enfermer dans une seule case, voici ce qui résume peut-être le mieux Kallaghan. Producteur reconnu dans le monde du rock, ce Français installé aux Etats-Unis a toujours été un touche-à-tout cherchant à mélanger les styles et les formes artistiques. C’est une rencontre avec Pasquale Rotella (patron d’Insomniac) qui lui donne le déclic et une forme d’approbation pour entamer un nouveau chapitre d’une carrière déjà bien riche. Revêtant l’identité de Kallaghan, l’artiste embrasse pleinement son amour pour la musique électronique et se tourne alors vers une bass house nourrie de l’énergie rock – à l’image de son récent single ‘Wasting Time’. Une formule gagnante qui lui permet en seulement quelques mois de s’inviter dans quelques-uns des évènements phare du circuit américain et de jouer aux côtés de poids lourds tels que Diplo ou Steve Aoki. Rencontre avec un artiste français bien déterminé à se faire une place dans le monde de la dance music.

Comment es-tu passé du rock à la musique électronique ?

En fait, déjà dans le rock ce que je faisais c’était de mettre des build-ups EDM, etc. Donc même si je jouais de la guitare, j’étais déjà dans le délire et j’adorais cette scène. Un jour j’étais à Los Angeles pour travailler avec mon amie Lexus et son petit ami était là avec nous. A la fin de la session, il me demande si je fais de la musique électronique et donc je lui dis que je fais un peu de house mais rien de très sérieux. Je lui fais écouter et le mec saute du canapé et me dit « mais mec qu’est-ce que tu fous, tu ne peux pas rester dans l’ombre », etc. Et en fait ce gars c’était Pasquale Rotella, le fondateur d’Insomniac et du festival EDC. Donc c’est lui qui derrière m’a réellement introduit au monde de la dance music. Ça c’était juste avant le COVID, il y a eu une pause forcée pendant un an, un an et demi et là c’est depuis 2022 que tout s’est réellement lancé et que j’ai commencé à performer en tant que DJ.

Comment tu as géré le fait de passer de producteur, donc une place un peu dans l’ombre, à artiste désormais sur le devant de la scène ?

Avant d’être producteur aux Etats-Unis j’avais déjà des groupes en France donc j’avais déjà fait de la scène et ce n’était pas un problème pour moi. Ce qui était un peu difficile, c’était plus de passer de cette identité rock un peu dark à vouloir faire danser tout le monde. C’était un peu dur pour mon entourage qui ne comprenait pas ce que je faisais. Et puis forcément quand j’ai signé pour ce nouveau projet, tous mes anciens collaborateurs ont aussi eu peur que je ne puisse plus leur consacrer autant de temps.

En parlant de ton identité, comment justement tu as créé ton identité d’artiste électronique ?

Ce qui était un peu difficile, c’est que je suis un vrai producteur.  Dans le sens ou d’habitude on me donne une commande et derrière je la fais. Mais quand je me suis retrouvé devant la feuille Kallaghan, je me suis rendu compte que même si j’aimais tout un tas de sonorités, il fallait que j’en choisisse une à donner au public. Et ce qui était le plus proche du rock pour moi, c’était la bass house qui est basée sur des riffs de basse et donc je pouvais garder l’énergie du rock. C’est la même sensation que quand j’écrivais pour des groupes de rock.

Est-ce qu’il y a pour toi un morceau en particulier qui résumerait le mieux ce que tu veux faire avec ton projet artistique ?

Ce serait ‘Wasting Time’. C’est un morceau que j’ai écrit il y a un an et je pense que c’est ce qui me définit le mieux. Il y a un côté mélodique, un côté bizarre qui est mon influence punk, et dans le second drop ça pourrait vraiment être une guitare. Et quand je joue ce morceau, je me sens totalement authentique dans ce que je fais. Les gens réagissent d’ailleurs super bien donc je me dis que c’est bon, je suis dans la bonne direction.

En parlant de la scène, comment tu as aussi appréhendé tes débuts en tant que DJ ?

Je viens d’un monde où c’est très difficile de faire une chanson, tout est analogue, etc., à un monde où tu montes sur scène, tu appuies sur play et c’est bon. Au départ, j’avais vraiment l’impression d’être un imposteur. D’autant plus que mon premier show c’était une première partie pour Diplo à Miami. Et cinq mois après je jouais avec Steve Aoki. Donc forcément c’était très stressant. Mais j’ai la chance d’avoir de nombreux amis qui sont dans ce milieu et j’ai toujours été entouré de DJs. Donc dès que j’ai commencé, je connaissais déjà les tonalités, etc., et j’ai eu la chance d’avoir tous ces potes professionnels qui m’ont aidé.

Est-ce qu’à l’image de ta musique, tu penses aussi à intégrer une part de tes influences venues du rock dans tes prestations sur scène ?

Je prépare les festivals pour 2024 et je vais jouer de la guitare sur scène. Je vais avoir sur une heure de set, cinq à dix minutes de guitare que ce soit pour faire des gros build-ups ou juste kiffer. J’adore ça et je pense que je m’en étais un peu trop détaché. Je veux intégrer de plus en plus d’éléments rock et j’aimerai passer de « house DJ » à « electronic act », d’avoir une formule plus live. J’ai d’ailleurs l’impression qu’aux Etats-Unis le public recherche de plus en plus ce côté live, c’est pour ça que des mecs comme Fred Again.. cartonnent autant.

Est-ce que tu t’es fixé des objectifs précis que tu souhaites accomplir avec le projet Kallaghan ?

L’idée derrière Kallaghan en tant que DJ, c’est aussi de créer un personnage public qui va pouvoir signer de nouveaux artistes. Un mec comme Bryce Hase sur mon titre ‘AM I RIGHT’ par exemple c’est un gamin de Dallas qu’on a trouvé super. Le but c’est de trouver des jeunes, les mettre sur mes morceaux et pouvoir leur donner des deals derrière. Je veux créer une vitrine. Forcément c’est ambitieux parce que je fais tout en même temps mais j’aime le challenge (rires). L’objectif final ce serait de faire ce que Tchami fait avec Confession mais plus pour le côté voix et chanteurs. Toujours collaborer avec d’autres DJs mais présenter de nouveaux artistes et de nouveaux mouvements. Et puis le but c’est aussi de montrer aux gens que tu peux avoir plusieurs cordes à ton arc et toujours t’éclater dans tout ce que tu fais. Tu n’as pas à te bloquer dans un truc dans ta vie. Tu peux avoir du succès dans différents domaines et même si tu n’as pas de succès partout, ça reste bon pour ton âme de faire ce dont tu as envie (rires).

Est-ce qu’en plus de ces nombreux talents émergents, tu cherches aussi à collaborer avec des artistes plus installés ?

L’un des tous premiers titres que j’ai sortis c’est ‘How You Like That’ avec MELII qui est une super chanteuse qui a par exemple fait des choses avec Beyoncé. Forcément ça m’a tout de suite donné de la crédibilité et ça m’a aidé à me lancer. Donc oui j’ai quelques collabs en prévision ou déjà enregistrées mais qui attendent encore d’être clearées. Parce que vu que je suis émergeant, c’est difficile d’avoir la crédibilité. Les artistes ne veulent pas s’associer à quelque chose qui serait moins hype qu’eux. En tant que producteur ils trouvent ça super mais pour le nom Kallaghan ils préfèrent attendre.

En parlant de collaboration, j’ai l’impression que contrairement au hip-hop par exemple, on voit beaucoup moins de rencontres entre le rock et la musique électronique.

Dans la musique électronique les gens sont beaucoup plus ouverts d’esprit. Dans mon set j’ai un remix de Blur, derrière je joue ‘It’s a Killa’ de Fisher et tout le monde kiffe. Ça, ça ne passerait pas dans le rock. Mais je pense que c’est aussi un problème technique. La plupart des morceaux rock sont écrits entre 170, 180 BPM. Quand tu veux faire danser les gens, je schématise, c’est entre 120 et 140. Donc quand tu es un artiste rock et que tu dois poser sur un morceau à 125 ou 130 BPM, les mecs ne savent pas trop quoi faire dessus. C’est bien plus facile pour le hip-hop par exemple.

Quelle est la suite pour toi maintenant ?

Je vais faire une pause au niveau des sorties jusqu’à février, mars mais je continue à jouer sur scène. En ce moment je tourne par exemple pas mal avec Tchami et Malaa qui ont repris leur tournée No Redemption. Et puis pour l’année prochaine, ce sera vraiment axé sur les festivals avec déjà pas mal de dates de prévues.

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