Rencontre avec Radu Rus, en charge de la production de l’évènement roumain.
UNTOLD ne fait rien dans la demi-mesure. Dès sa première édition en 2015, le festival roumain a vu les choses en grand et a attiré au cœur de la petite ville de Cluj-Napoca plusieurs dizaines de milliers de festivaliers et quelques-unes des plus grandes stars de la dance music. Un pari gagnant qui a permis à l’évènement de décrocher le prix du ‘Best Major European Festival’ aux European Festival Awards et a tout de suite donner le ton de ses ambitions. Près d’une décennie plus tard, UNTOLD s’est imposé comme un rendez-vous phare dans le paysage qui fait jeu égal avec les autres mastodontes du secteur comme Tomorrowland ou Ultra. Du 8 au 11 août, le festival est de retour avec un cru 2024 qui réunira la Swedish House Mafia, Martin Garrix, Carl Cox, Black Coffee et des artistes live comme Lenny Kravitz ou Burna Boy. Responsable du volet production de l’UNTOLD, Radu Rus nous en dit plus sur la machinerie à l’œuvre pour mettre en place un tel évènement.
Comment t’es-tu embarqué dans l’aventure UNTOLD ?
Je faisais partie de l’organisation avant même la première édition du festival. Je connais le propriétaire de la compagnie derrière UNTOLD depuis 2007. A l’époque il était le président d’une organisation étudiante à Cluj-Napoca, la ville où se tient désormais l’UNTOLD. J’en faisais également partie et j’en ai même pris la présidence après son départ. Vers 2012-2013, nous organisions des fêtes de la bière et il a eu l’envie de faire ici en Roumanie quelque chose aussi gros que Tomorrowland. C’est ainsi qu’en 2015 nous avons créé un évènement plus gros que ce à quoi nous nous attendions : l’UNTOLD. A ce moment j’étais plus du côté du management et je coordonnais aussi les équipes sur le site du festival. Mais petit à petit, au fur que nous avions de plus en plus de monde impliqué, j’ai commencé é me tourner vers l’organisation générale du projet. Avec la pandémie, j’ai aussi commencé à développer de nouvelles compétences et c’est comme ça que je suis définitivement arrivé sur la partie production.
UNTOLD a connu une croissance assez exceptionnelle et s’est imposé en seulement quelques années parmi les plus gros festivals électro en Europe. Quel est votre secret ?
L’une des principales raisons est que nous avons eu un très gros soutien de la part des autorités locales. Avoir un festival en plein cœur de la ville jusqu’à six heures du matin, cela peut être dérangeant pour certains habitants mais si on dézoome, on se rend compte que c’est quelque chose de bénéfique pour la ville et l’ensemble du pays. Le festival permet d’injecter des millions d’euros dans l’économie locale et cela les autorités l’ont bien compris. Je pense aussi que nous avons eu dès le départ la vision de ce que nous voulions faire et nous avons su développer les bonnes connexions entre les membres de notre équipe et les personnes impliquées sur l’évènement. Nous avons notamment tissé de très bons liens avec les managements des artistes. Au début, certains étaient un peu effrayés à l’idée de venir jouer en Roumanie mais nous avons tout fait pour qu’ils se sentent comme à la maison. En 2018 par exemple, les Black Eyed Peas ont été parmi les premiers artistes à rester dans les espaces VIP après leur show et ils ont adoré leur venue à l’UNTOLD. Cela nous a aidé pour programmer Robbie Williams l’année suivante et tous ces artistes font passer le mot ensuite aux autres. Cette relation avec les artistes mais aussi les médias, les partenaires, etc., nous a donné la confiance pour grandir. Et je dois dire aussi que nous avons la chance d’avoir un public formidable. Steve Aoki nous a par exemple confié l’année dernière qu’il adorait le public roumain et qu’il serait très triste de ne pas venir jouer ici car ce public savait vraiment se connecter avec sa musique.
Sur un tel évènement, quel est ton principal défi en termes de production ?
La partie la plus difficile dans la construction du festival est la Mainstage. Nous avons seulement un petit espace pour entrer dans le stade où est installée la scène et la rue qui permet d’y accéder accueille aussi la ligne de tramway de la ville. Toutes les trois minutes nous avons donc un tramway qui passe par là. C’est un vrai souci parce que nous ne pouvons pas couper la ligne de tramway pendant un mois le temps de monter le festival. Chaque année nous devons donc faire avec le temps de décharger les 120 camions nécessaires pour monter la scène.
Est-ce que tu ressens une pression à faire chaque année toujours plus grand ?
Je sens une pression parce que je veux toujours faire mieux et plus grand. Si on regarde notre Mainstage, il y a par exemple encore quelques spots qui ne sont pas couverts. Mais au lieu d’aller plus haut, ce qui n’est pas possible, nous devons nous élargir pour étendre la scène sur les côtés du stade.
En parlant de la Mainstage, est-ce qu’il existe un conflit entre tes ambitions en termes de scénographie, décors, etc., et le fait que la Mainstage doit avant tout pouvoir accueillir les shows des différents artistes programmés ?
Oui mais le principal conflit est en interne (rires). Nos architectes vont généralement imaginer quelque chose qui dans 99% des cas sera impossible à créer comme ils le souhaitent. Après oui il peut y a voir un conflit avec les artistes mais nous avons la chance d’avoir créé de grands espaces qui s’adaptent aux plus grands live shows que l’on peut avoir.
Comment se passent les transitions entre les différentes performances sur la Mainstage ?
Les transitions sont toujours un moment difficile. Nous nous mettons une limite de 20 minutes pour assurer les changements entre deux artistes. Tout le monde doit donc travailler vite et de manière très synchronisée pour s’assurer que tous les câbles soient au bon endroit, etc. C’est un vrai show à voir.
L’année dernière vous avez innové en proposant pour le show d’Armin van Buuren une scène à la Boiler Room avec un public entourant l’artiste ? Comment avez-vous mis ça en place et est-ce que c’est quelque chose que vous comptez reproduire ?
La plus grande difficulté avec cette scène était de garantir la sécurité des festivaliers. Nous avions créé des espèces de marches faits avec des échafaudages et nous devions nous assurer que si 1000 personnes étaient en train de sauter dessus, tout aller bien se passer. C’était aussi tout un challenge pour installer un bar sur scène. Armin a fait un set de cinq heures donc il nous fallait forcément un bar pour permettre aux gens de s’hydrater, etc., mais il fallait aussi faire très attention qu’au moment d’aller chercher leur verre ils n’interfèrent pas avec les câbles et toute la partie technique. Mais tout s’est bien passé et l’atmosphère sur cette scène était incroyable. Beaucoup d’artistes aujourd’hui veulent ce genre de scène à la Boiler Room mais je pense que si nous l’accordons à tout le monde, cela va aussi perdre de sa magie. Là c’était génial aussi parce que c’est quelque chose d’unique.
A quoi peut-on s’attendre pour cette édition 2024 ?
Cette année, UNTOLD accueille huit scènes et plusieurs spots musicaux à travers le festival, plus de cinquante vendeurs de nourriture, le Fashion Village avec plus de 30 designers roumains et des activations de la marque UNTOLD avec de nombreux jeux et activités interactives. Pour la toute première fois, cette année nous aurons aussi une arrière-scène sur la Galaxy Stage et les fans pourront danser juste à côté de leurs DJ préférés. Les passes VIP Galaxy Backstage sont disponibles ici.
Quels sont tes rêves avec UNTOLD ?
J’ai été très surpris il y a trois ans quand mes collègues m’ont dit que nous allions faire un évènement à Dubaï. Nous pensons depuis 2018 à aller à l’international mais jamais nous aurions imaginé y arriver. J’espère que nous allons continuer pour devenir encore plus global. Après le succès de Dubaï, nous avons eu beaucoup de contacts d’organisateurs à travers le monde qui veulent une franchise UNTOLD. Je m’imagine donc bien manager les différents chefs de projets de tous ces évènements.