Deux festivals sur trois en déficit en 2024 : le CNM alerte sur la fragilité du modèle économique, malgré une fréquentation toujours au rendez-vous.
Ce mercredi 24 juillet, le Centre national de la musique (CNM) a publié son étude annuelle sur l’économie des festivals de musiques actuelles et de variétés. Le constat est sans appel : malgré une fréquentation souvent au rendez-vous, deux festivals sur trois ont terminé leur édition 2024 en déficit. « En 2024, deux festivals sur trois terminent leur édition avec un déficit », indique le communiqué.
Basée sur l’analyse de 104 festivals soutenus par le CNM entre mai et juillet, l’étude souligne une « situation économique fragile ». Le taux de déficit est certes stable par rapport à 2023, mais les pertes moyennes explosent : « – 115 675 €, contre – 81 770 € en 2023 », soit une hausse de 73 %, pour un budget moyen de 1,6 million d’euros. Le CNM insiste : « Cette augmentation du déficit moyen questionne la soutenabilité du modèle économique festivalier. »
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Affluence paradoxale
Et ce ne sont pas les salles vides qui plombent les bilans. Le paradoxe est cruel : « 68 % des festivals dont le taux de remplissage est supérieur à 90 % sont déficitaires en 2024 », contre 42 % en 2023. L’affluence ne garantit plus la rentabilité.
Le problème réside dans un effet ciseaux persistant : « les charges des festivals augmentent en moyenne de 6 %, alors que les produits ne progressent que de 4 % ». Dans le détail, les postes techniques (+6 %) et artistiques (+9 %) sont les plus touchés. Le CNM note : « Les prestations techniques (+30 %) augmentent notamment pour adapter les capacités d’accueil », tandis que « les budgets artistiques progressent davantage que le nombre de formations programmées ».
Résultat : « Les contrats de cession représentent environ 25 % du budget total des festivals, et jusqu’à 91 % pour les projets de plus de 3 M€ ». Les têtes d’affiche, de plus en plus chères, pèsent lourd dans les comptes.
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Modèles fragiles
Côté recettes, les augmentations sont insuffisantes pour inverser la tendance : « +3 % sur les recettes propres (billetterie, bars), +11 % sur les partenariats et le mécénat, +5 % sur les subventions publiques ». Mais les petites structures restent vulnérables. « Dans les projets à budget compris entre 100 000 € et 250 000 €, les subventions représentent en moyenne 44 % des recettes », contre 13 % pour les plus gros.
Le CNM alerte : « Les modèles économiques reposant majoritairement sur des recettes propres restent donc fragiles et très exposés à la conjoncture ».
Au-delà du constat, l’institution appelle à une réflexion stratégique : « L’analyse soulève des enjeux liés à l’évolution des modèles économiques, à l’anticipation de la sortie du modèle guichet issu du contexte post-covid, à la structuration de l’offre, au développement de la production de spectacles et à la stratégie d’accompagnement du CNM ».
En conclusion, le CNM évoque une « urgence à repenser les modes d’intervention » et affirme sa volonté d’en faire un chantier prioritaire : « Le CNM réaffirme sa volonté de poursuivre sa réflexion et d’approfondir son accompagnement en faveur d’un développement durable et équilibré du secteur ». Consultez le rapport en cliquant ici.