Sly Stone est décédé le 9 juin 2025. Archives Jim Marshall Photography / DR
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Décès de Sly Stone : l’homme qui a changé le funk sans demander la permission

Publié le 10 juin 2025

Sly Stone, pionnier du funk et figure révolutionnaire de la musique américaine, est mort à 82 ans le 9 juin 2025 à Los Angeles, laissant son héritage sur tout un pan de l’histoire

Il avait ce truc rare. Cette manière de faire basculer une époque avec une ligne de basse. Sly Stone n’a pas simplement inventé le funk moderne. Il a mis une bombe sous les conventions. Il a joué fort, mixé large, rêvé pour tous. Mais s’en est allé le 9 juin 2025, à 82 ans, à Los Angeles, où il s’est éteint paisiblement, entouré de sa famille. On ne parle pas ici d’un héritage figé. On parle d’une onde.

La fin des années 60, l’Amérique en feu. Et au milieu, Sly. Lunettes, chapeau, rage douce. Avec sa Family Stone, il a mis en scène l’unité avant qu’on ne la réclame. Groupe mixte, couleurs mêlées, hommes et femmes sur le même pied : il l’a fait, sans conférence ni drapeau. Juste des chansons. Juste du style. Et cette capacité unique à dire l’essentiel sans hausser le ton.

Chez lui, chaque groove était un cri poli. « Everyday People », « Dance to the Music », « If You Want Me to Stay »… Ce n’étaient pas des morceaux, c’étaient des slogans à danser. Légers en surface, profonds à l’intérieur. Il n’avait pas besoin de grands discours. Il faisait parler les caisses claires et les claviers Moog.

Père fondateur

Mais il y a eu l’autre Sly aussi. Le paranoïaque. L’effacé. Celui qui s’enferme, enregistre seul, trafique ses bandes comme on tente d’arranger sa mémoire. « There’s a Riot Goin’ On » n’est pas un album. C’est une blessure gravée sur vinyle. Rien ne sonne juste, tout sonne vrai. Il aurait pu s’y noyer. Il a préféré en faire une œuvre.

Et puis le silence. Les années perdues. Les retours avortés. Il est devenu ce personnage étrange, croisé parfois en coulisses, toujours fuyant. Un fantôme que tout le monde citait, que personne ne comprenait vraiment. Il n’était pas oublié. Il était ailleurs.

Sly Stone, c’était ça. Un feu qui brûle lentement, sans besoin de braises. Une réinvention permanente. Le père fondateur sans trône, le précurseur sans pancarte. Sans lui, pas de Prince, pas de George Clinton, pas de hip-hop tel qu’on le connaît.

Il est mort, oui. Mais personne ne dansera jamais comme avant lui. Et ça, c’est plus fort que toutes les statues.

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