Enfant des free parties, OMAKS croit en la musique comme un espace de rencontre dans lequel chacun trouve sa place. Le Français revendique une approche instinctive où l’énergie et le lien priment sur les codes.
Dans un milieu où l’on parle souvent de chiffres, de vitesse, de croissance, OMAKS ramène la discussion là où tout commence vraiment : les gens. « J’ai une image de producteur qui grandit, j’ai un rôle de DA pour mon label, mais mon ADN reste forgé par le live », explique-t-il. « Ce qui me fait le plus kiffer, c’est ce truc de rencontre, de sentir que les gens kiffent. » Cette phrase, simple, dit tout. Pour lui, la musique électronique n’est pas seulement une esthétique ou un business : c’est un espace social, un lieu de connexion, un terrain où l’on existe ensemble, même sans se connaître.
Ce rapport profondément humain à la scène prend racine avant même qu’il ne pense à jouer en club. Ses premières émotions musicales fortes naissent dans les free parties. « La free party m’a fait dire qu’on peut être grave pote avec des gens en 15 minutes », se souvient-il. « Tu as l’impression qu’on va tous dans le même endroit, qu’on partage les mêmes valeurs. » Cette intensité collective, cette sensation de tribu temporaire, il ne l’a jamais oubliée. Elle guide encore aujourd’hui sa manière d’imaginer un set : non comme une démonstration technique, mais comme une expérience à vivre ensemble.
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L’émotion avant la technique
S’il privilégie le DJing, c’est aussi parce qu’il aime fonctionner dans l’instant. « Sortir de chez moi et aller voir les gens, c’est ça qui me motive. » La production, il la voit comme un prolongement nécessaire, pas comme le cœur de son identité d’artiste. « Pour être un artiste complet, il faut que les gens t’écoutent dans leurs écouteurs », dit-il. Mais ce qui l’anime, ce n’est pas la solitude du studio : c’est l’échange brut, direct, avec un public. Il le dit clairement : « Si j’ai à choisir, je préfère carrément tourner et surprendre les gens plutôt que me buter à la prod. »
Cette manière organique de faire de la musique, il l’applique aussi à la construction de ses sets. OMAKS déteste la linéarité. « Un film, ce n’est pas une scène d’action pendant une heure et demie », explique-t-il pour décrire son approche. « Tu dois avoir des moments plus calmes, plus émouvants, des reprises… » Là où certains DJ de hard music enchaînent les tracks à 170 BPM dans une logique de surenchère, lui recherche la nuance. Il sait que la surprise crée la tension, et que la tension crée l’émotion. S’il doit redescendre en énergie, il le fera, quitte à désarçonner quelques puristes. « C’est possible de faire autre chose aussi, dit-il. Pas seulement ce que vous entendez tout le temps. »
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ENERGIC, son laboratoire
Ce refus des cases, il l’a matérialisé avec son label ENERGIC, lancé en 2025. Même logique : aucune direction imposée, seulement une intention. « Je ne veux pas être un label de hard techno, ni de trance, ni de hardcore. Je veux me focus sur l’énergie que me procurent les tracks. » ENERGIC devient alors un miroir de ce qu’il est sur scène : un artiste mobile, curieux, agile, qui préfère explorer plutôt que répéter. Ce positionnement lui permet aussi d’assumer des projets très différents, de la bounce à l’hardcore, et de jouer un rôle de passeur.
Sa trajectoire, souvent perçue comme rapide, il la décrit avec plus de nuances. « Vite, oui et non, dit-il. Ça fait cinq ans que j’ai commencé. » Pas d’explosion virale, pas de courbe exponentielle comme « Novah ou Cloudy » de la scène hard techno. Et c’est voulu. « Elles ont vécu un gros boom. Je n’aurais pas forcément aimé. Ça apporte beaucoup de haters d’un coup. » OMAKS préfère la construction lente : soirée après soirée, track après track. « Je suis plus en petite pente montante. C’est mon rythme, et ça me va. »
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Confiance et lucidité
La confiance joue un rôle majeur chez lui. Une confiance rare, qui tranche avec le syndrome de l’imposteur présent chez de nombreux jeunes DJs mis en orbite. « Depuis le jour 1, je sais que je vais tout défoncer », scande-t-il sans forfanterie. « Je ne suis pas le plus grand des bosseurs. Mais le travail que j’ai fait a le mérite d’être là. » Cette assurance ne l’empêche pas de reconnaître les moments plus compliqués : ces dates où rien ne se connecte, où la technique lâche, où l’énergie du public est basse. « Ça arrive, et c’est normal. » Là encore, sa réponse est très humaine : accepter, s’adapter, ne pas forcer ce qui ne vient pas. « Tu essayes autre chose. Et si ça ne marche pas, tu fais avec. »
L’un des aspects les plus déterminants de son parcours est la relation professionnelle et personnelle qu’il a eue avec son ex-compagne Marie. « On a marché du feu de Dieu pendant trois ans et demi. » C’est elle qui l’a mis en contact avec la scène lyonnaise, lui permettant d’alterner entre Paris et Lyon à un moment où les clubs parisiens étaient difficiles d’accès pour les jeunes artistes. « Partir à Lyon m’a ouvert dix milliards de portes. » Il ne minimise pas son rôle : « C’est grâce à elle que beaucoup de choses se sont faites. »
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Se projeter sans craindre l’avenir
Aujourd’hui, OMAKS tourne, produit, gère un label, revient d’un voyage en Asie — ce qui reste presque irréel pour lui. « Je suis un peu casanier, avoue-t-il. C’est fou de voyager dans plein de continents. » Mais ce qu’il retient de ces expériences internationales, ce n’est pas la performance, mais le fait que sa musique parle aussi loin de ses habitudes. Il y voit une validation de ce qu’il défend depuis cinq ans : une approche basée sur l’humain avant le style.
Quant à l’avenir, il reste serein, y compris face à l’éventuel reflux de l’hard techno. « OMAKS sera toujours au max. » Le style peut évoluer, lui aussi. Il le dit sans hésiter : « À moi d’être assez bon pour capter les gens. » Une phrase qui résume parfaitement son rapport au public : pas de stratégie, ni d’opportunisme, seulement l’envie de rester en mouvement et de garder ce lien qui, pour lui, définit tout.
Car OMAKS n’est jamais aussi clair que lorsqu’il parle de ces moments où la musique sert de passerelle : « C’est ce truc de se sentir ensemble au même endroit. » Voilà son vrai terrain de jeu, sa vraie obsession : les gens.




