Dix ans après ‘Netzwerk’, Klangkarussell revient avec ‘Petrichor’, un album de renouveau où le duo retrouve sa liberté et redéfinit son rapport à la musique.
Petrichor arrive plus de dix ans après « Netzwerk ». Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir avec un album complet après tout ce temps ?
Après « Netzwerk », beaucoup de choses se sont passées — les tournées, la hype, les attentes. On avait besoin de retrouver de l’espace. Avec notre propre label, Bias Beach Records, on a repris ce temps nécessaire pour créer librement, sans contrainte. À une époque où les singles sont souvent pensés pour plaire aux algorithmes, on voulait proposer quelque chose de durable — un album qui existe aussi physiquement. « Petrichor » est le fruit d’une longue pause choisie, un disque qui n’a pu naître que lorsque tout s’est aligné naturellement.
Le mot Petrichor désigne l’odeur de la pluie après une longue sécheresse. Pourquoi avoir choisi ce titre et que représente-t-il pour vous aujourd’hui ?
C’est cette grande respiration après une période d’immobilité. Ces dernières années n’ont pas été une pause, mais un processus — accumuler des expériences, des idées, des sons. Ce titre exprime parfaitement le sentiment de retour, de création, et enfin de partage de tout ce qui mûrissait depuis si longtemps.
Comment s’est déroulée la création de l’album ? Certaines idées dataient-elles d’il y a plusieurs années ou tout est né d’une impulsion plus récente ?
C’est un mélange entre des idées qui nous suivaient depuis longtemps et des inspirations récentes. Chaque morceau a sa propre dynamique, son humeur, son histoire, formant ensemble un récit complet.
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Vous décrivez l’album comme un voyage entre euphorie et introspection. Quand vous composez, qu’est-ce qui vous guide le plus : le son, les images ou vos émotions du moment ?
Pour nous, c’est avant tout une question de ressenti. Les harmonies, les mélodies et le design sonore sont là pour servir cette émotion. On part toujours d’une ambiance et on la laisse nous guider — qu’elle soit introspective ou euphorique, calme ou intense.
Parlons de « Ride », le single sorti en même temps que l’album. Comment ce morceau est-il né et pourquoi en avoir fait le titre phare ?
On a beaucoup expérimenté avec des synthés analogiques rétro — Jupiter, Prophet 5, OB-X — et on est tombés amoureux de leurs textures. « Ride » est né de ces explorations.
« Ride » marque aussi vos retrouvailles avec le réalisateur Edward John Drake, plus de dix ans après « All Eyes On You ». Qu’est-ce qui rend cette collaboration si spéciale ?
Edward avait déjà fait un travail remarquable sur « All Eyes On You ». Il comprend parfaitement comment traduire l’énergie de notre musique en images cinématographiques. Le retrouver a été très naturel — comme retrouver un langage commun, mais avec un regard neuf.
À l’inverse, le clip de « Truth Begins », avec Anna Gasser, a une approche très cinématographique. Comment cette idée est-elle née, et plus largement, quelle place tiennent les visuels dans votre univers musical ?
Les visuels prolongent la musique. Pour « Truth Begins », on voulait une narration visuelle qui reflète la trajectoire émotionnelle du morceau. La lumière, la couleur et le mouvement deviennent des éléments de la musique, un univers dans lequel le public peut se plonger complètement.
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Sur l’album, on retrouve plusieurs collaborations — Blazey, Bloom Twins, GIVVEN, Elmar, Marieme… Comment se font ces rencontres et qu’est-ce qui vous attire chez un collaborateur ?
Souvent, tout se fait naturellement. On a par exemple découvert Marieme et été immédiatement captivés par sa voix ; cela a mené à quelques sessions studio et à « Aduna ». D’autres collaborations viennent d’amis ou de projets parallèles. Ce qui nous attire, c’est toujours une voix, une énergie ou une sensibilité unique.
Le titre « Cross The Border », avec Bloom Twins, évoque la guerre en Ukraine. Comment avez-vous abordé un sujet aussi fort sans tomber dans le pathos ?
Les Bloom Twins ont apporté leur vécu personnel, et nous avons volontairement laissé beaucoup d’espace dans l’arrangement. Parfois, le silence et la retenue en disent plus que les mots.
Comparé à ‘Netzwerk’, ‘Petrichor’ semble beaucoup plus libre dans ses influences — afro, disco, pop, techno mélodique… Était-ce une volonté ou le fruit d’un processus naturel ?
C’est venu naturellement. On s’est laissés guider par la musique, sans contrainte de genre, en explorant des rythmes et des textures variés. Cette liberté vient du fait qu’on travaille sur notre propre label, avec un contrôle total sur la création.
Vous préparez aussi votre retour sur scène avec un live complet — le premier depuis presque dix ans. Qu’est-ce qui vous a donné envie de replonger dans ce format ?
Après des années de DJ sets, on voulait élargir notre manière de jouer en live. Beaucoup de nos morceaux ne se prêtent pas au format DJ, alors ce nouveau show nous permet de les faire vivre différemment. Ce sera un vrai voyage audiovisuel, avec musiciens, chanteurs, lumières et visuels. L’idée est d’inviter le public à entrer dans le monde de « Petrichor », pas seulement à écouter, mais à le ressentir.
Et pour finir : si vous deviez résumer l’album en une seule émotion, image ou souvenir, ce serait quoi ?
Ce serait cette respiration profonde après une longue sécheresse — un sentiment de libération, de réflexion et de renouveau. L’impression que le bon moment est enfin arrivé pour partager tout ce qui a grandi en silence.

