Bad Boombox
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Bad Boombox : « Tu ne peux pas jouer de la musique juste pour la jouer »

Publié le 17 septembre 2025

DJ et producteur atypique, Bad Boombox casse les codes de la techno avec humour et sincérité. Entretien exclusif sur son parcours et ses projets.

Révélé par son énergie brute et son humour décalé, Bad Boombox s’impose comme l’un des personnages les plus singuliers de la scène actuelle. Derrière ses sets explosifs et ses vidéos virales, l’artiste défend une vision où authenticité et accessibilité se rejoignent. À l’occasion de son passage remarqué au Nibirii Festival, il revient pour DJ Mag France sur son parcours, son rapport à l’algorithme, sa mission artistique et ses prochains projets.

Comment s’est passée ton expérience au Nibirii ?

Super expérience. Je suis arrivé tard, juste au moment où Funk Tribu terminait son dernier morceau. J’adore courir sur scène comme ça, ça me donne beaucoup d’adrénaline et d’énergie. On a passé un très bon moment : j’ai joué un peu de house puis j’ai terminé avec des morceaux plus intenses.

Ton contenu touche un public très divers. Comment parviens-tu à garder une cohérence artistique tout en surprenant tes fans ?

Dans la musique, comme dans tout art et dans la vie en général, je vois deux cercles : l’authenticité et la capacité à être « relatable » (c’est-à-dire compréhensible, accessible). Leur zone de croisement, c’est le point d’équilibre parfait. Plus ce croisement est petit, plus tu es original. Mais c’est là qu’il faut se situer : être 100 % fidèle à soi-même, mais aussi compréhensible pour les autres.

Parce qu’au fond, la musique, c’est une question de connexion. Si ton message est 100 % authentique mais 0 % accessible, il n’atteindra personne. Si tu veux toucher un public large, il faut trouver ce point d’équilibre.

Personnellement, j’ai toujours en tête une « mission Bad Boombox », comme un tableau imaginaire. Chaque fois que je crée quelque chose – un clip, un article de presse, un contenu court – je me demande si ça correspond à cette mission. Si oui, je continue. Sinon, j’abandonne. Ça rend les choses automatiques et cohérentes.

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La vitesse à laquelle une idée peut se répandre aujourd’hui influence donc complètement la manière dont tu imagines tes performances ou tes morceaux ?

Une idée se propage si tu y mets toute ta passion et ta conviction. Certains diront que c’est une question de marketing, mais pour moi ça va bien au-delà : si tu crois sincèrement à ton message, ça se propage comme une traînée de poudre. Je le constate sur les réseaux sociaux : quand tu parles avec conviction, les gens s’y intéressent.

Sur scène, c’est pareil : tu dois avoir cette même intensité. Tu ne peux pas jouer de la musique juste pour la jouer. Tu dois aimer ce que tu fais à 100 %. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux essayer autre chose. Parce que quand tu es sincère, le public comprend et se connecte avec toi.

L’algorithme dicte une grande partie de ce que les gens voient. Crées-tu parfois en pensant à cette logique, ou essaies-tu de l’ignorer ?

Au début, oui. Il y a quelques années, quand j’ai commencé, je faisais ces petites vidéos de danse un peu maladroites. Je n’avais pas encore de public, pas encore de musique prête à partager. C’était pendant le confinement, j’étais seul dans ma chambre, sans pression, et je postais simplement ce que je faisais. Les gens ont aimé parce qu’ils ont vu quelqu’un d’authentique.

Puis, avec le temps, j’ai gagné une communauté. Et là est apparue une pression : celle d’impressionner, d’obtenir toujours plus de vues et de likes. C’est une spirale mentale difficile, car tu ne crées plus pour toi mais pour les autres. Mais les gens ne te suivent pas pour que tu devines ce qu’ils vont aimer : ils te suivent parce qu’ils veulent que tu restes toi-même.

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J’ai traversé cette phase compliquée, mais aujourd’hui je suis revenu à l’essentiel : je crée ce que j’ai envie de créer, que ce soit de la musique ou du contenu vidéo. J’ai une petite équipe qui m’aide, mais je me plonge totalement dans le processus, comme si je faisais de la musique.

Quant à l’algorithme, je pense que beaucoup le diabolisent. Pour moi, ce n’est pas une machine malveillante : il reflète simplement ce que les gens regardent et aiment. Si un contenu ne marche pas, c’est peut-être que je n’ai pas réussi à transmettre le message de la bonne façon. Il faut alors changer, essayer à nouveau, mais toujours rester authentique. Quand c’est à la fois sincère et compréhensible, ça finit toujours par fonctionner.

Dans ton univers, tu joues beaucoup avec l’humour et l’énergie. Est-ce aussi une manière de créer une autre forme de connexion avec ton public ?

Bien sûr, cette musique peut être profonde, émotive, presque méditative. Mais à la fin, un festival reste un endroit où les gens veulent s’amuser, danser, sauter avec leurs amis. Donc même si tu composes le morceau techno le plus émouvant du monde, sur scène il doit rester quelque chose de léger, de festif.

Quand j’ai commencé, je trouvais que la scène techno était trop sérieuse. Aujourd’hui ça s’est un peu assoupli, et tant mieux. Mon idée, dès le début, c’était d’apporter du fun. Parce qu’au fond, on danse : pourquoi faudrait-il que ce soit toujours grave et sérieux ? L’humour fait partie intégrante des arts que je respecte le plus, donc naturellement, j’ai intégré ça à mon projet. Faire rire les gens tout en les faisant danser, c’est ce qui me plaît le plus.

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Pour finir, peux-tu nous donner un aperçu de tes projets actuels ou à venir ?

Je dirige Hot Meal Records. L’équipe s’est élargie, et nous travaillons sur plusieurs singles ainsi qu’un album compilation (VA) qui, je pense, peut vraiment marquer les esprits. On développe un son et une énergie nouvelle qui, selon nous, manquent aujourd’hui à la scène. C’est une vibe fun, ouverte, qui prend déjà de l’ampleur, et on veut y ajouter encore plus de force.

En parallèle, on organise des événements autour de ces sorties. Et côté personnel, je développe mon concept Hard Beach. On l’a déjà testé dans quelques villes. En juillet, à Amsterdam, j’ai joué un set de six heures, toute la nuit, avec des palmiers et un énorme soleil qui se levait et se couchait sur scène. C’était une expérience unique.

Avec Hot Meal Records et notre collectif, on veut continuer à construire cette identité avec notre communauté à Berlin, Amsterdam et au-delà. Beaucoup de belles choses arrivent pour la fin de l’année, et 2026 s’annonce encore plus fort.

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