Adriatique présentera son show X au Théâtre antique d'Orange, samedi 23 août 2025.
Adriatique

INTERVIEW. Adriatique veut « créer un pont entre passé et futur » au théâtre antique d’Orange ce week-end

Publié le 19 août 2025

À l’occasion de leur venue au Théâtre Antique d’Orange le 23 août 2025, Adriatique nous livre en interview sa vision du projet X et annonce une collaboration avec Argy.

Votre concept X s’est déjà déployé dans des lieux iconiques, comme les pyramides de Gizeh ou Athènes. Qu’est-ce qui vous a attirés dans l’idée de jouer au théâtre antique d’Orange ?

Ce site est chargé d’histoire : des pierres vieilles de plusieurs centaines, voire de milliers d’années, qui dégagent une énergie incroyable. On la voit, on la ressent. Évidemment, nous ne sommes pas les premiers à investir un tel lieu, mais la première fois que je l’ai découvert à travers un set filmé par Cercle, j’ai trouvé cela absolument saisissant. Ce qui nous attire particulièrement, c’est le contraste : un site antique qui traverse le temps, mis en dialogue avec une musique électronique, futuriste par essence, tournée vers l’innovation et l’expérimentation. Ce décalage crée quelque chose de singulier, une magie propre à notre projet.

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Le théâtre peut accueillir plus de 7 000 spectateurs et son acoustique est unique. Comment construit-on un set pour un tel lieu, où l’architecture est aussi marquante que la musique ?

Pour un tel espace, nous ne préparons pas simplement un set comme n’importe où ailleurs. Nous analysons l’architecture, l’acoustique, et nous réfléchissons à la manière d’intégrer notre esthétique visuelle sans masquer le site. Le but n’est pas de l’effacer, mais au contraire de le mettre en valeur, d’accentuer ses lignes et sa force avec une touche futuriste. Bien sûr, de telles structures imposent aussi des contraintes techniques, logistiques ou de sécurité. On ne peut pas tout imaginer, il faut s’adapter. Mais c’est précisément ce dialogue entre nos ambitions et les limites du lieu qui nourrit notre créativité.

Pour cette édition, vous avez invité John Summit, Alex Wann et Marino Canal. Expliquez-nous vos choix…

Ces choix reflètent notre identité musicale : une grande diversité et une ouverture à différents genres. Nos sets ne se réduisent jamais à une seule esthétique ; ils explorent plusieurs univers, et nous ne préparons pas nos playlists à l’avance de façon figée. Nous nous nourrissons de l’énergie du lieu, du public, et du contexte. Marino est un ami et collaborateur de longue date, Alex Wann représente une nouvelle vague européenne, et John Summit incarne une autre approche venue des États-Unis. Jouer un back-to-back avec lui ajoute une part d’imprévu et d’excitation. Cette combinaison incarne notre volonté d’éclectisme.

Certains s’étonnent qu’il n’y ait que trois invités.

Le temps est compté, et il est important pour nous de pouvoir jouer longuement. Nous voulons aussi offrir à chaque artiste l’espace nécessaire pour développer son univers, au lieu de sets trop courts comme dans certains festivals. Une soirée comme celle-ci doit être vécue comme une progression, un voyage, plutôt qu’une simple succession de performances.

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Vous dites souvent que X est plus qu’un simple set d’Adriatique, mais une « expérience artistique complète ». Que voulez-vous dire par là ?

X, c’est bien plus que la musique. C’est une expérience où chaque élément a son importance : le lieu, la scénographie, les visuels. Rien n’est laissé au hasard. Nous n’avons pas de formule fixe, mais une ambition constante : repousser les limites, être différents, surprendre. Et surtout, créer un pont où passé et futur se rencontrent.

Vous parlez d’esthétique « futuriste ». Que signifie ce terme pour vous ?

La musique électronique a toujours porté cette dimension futuriste. Elle revisite sans cesse ses racines tout en essayant de réinventer de nouveaux sons. Avec X, nous cherchons à créer des intersections : entre l’ancien et le nouveau, entre Adrian et moi, entre nous et le public. Le symbole du X, c’est ce croisement permanent. Jouer dans un théâtre comme celui d’Orange illustre parfaitement cette idée : l’histoire millénaire du lieu rencontre nos structures lumineuses, nos écrans et notre esthétique moderne. Deux mondes a priori opposés, qui fusionnent pour créer une expérience hors du temps. Notre objectif reste de créer des souvenirs mémorables, à la fois pour nous et pour ceux qui partagent ces moments. 

Vos sets sont souvent décrits comme méditatifs et narratifs. Comment construisez-vous cette narration sur plusieurs heures ?

Nous n’avons jamais suivi un chemin unique ou un seul genre musical. Notre goût est vaste, et nous sommes deux personnes, avec deux univers différents qui se rencontrent. Dès nos débuts, cette diversité a façonné notre identité. Nous concevons un set comme un voyage avec des pics et des vallées : parfois nous commençons doucement, parfois plus intensément, puis nous redescendons pour laisser au public le temps de respirer. Car notre musique est énergique, peut-être pas toujours par son tempo, mais par sa densité et sa richesse sonore. Elle sollicite aussi l’esprit. L’équilibre entre les moments forts et les respirations, entre différents genres, construit cette narration sur plusieurs heures.

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Avez-vous déjà envisagé de vous éloigner totalement de cette image et de surprendre avec quelque chose de radicalement différent ?

Jamais dire jamais. Nous avons déjà tenté une approche différente, comme ce set pour la Fondation Béla, qui mélangeait DJ set et live, avec des influences ambient et même classiques. C’était une expérience radicalement autre. La seule constante, c’est le changement. Parfois nous revenons à nos racines, parfois nous explorons des voies plus futuristes. Rien n’est figé. Pour l’instant, nous sommes satisfaits de notre approche, mais l’avenir reste ouvert.

Vous avez vécu une grande partie de l’histoire récente de la house et de la techno. Quel est selon vous le plus grand changement de la scène aujourd’hui ?

La plus grande transformation, c’est l’échelle. Tout est devenu immense par rapport à nos débuts. Le nombre d’événements, de festivals, de marques, d’agences, d’artistes… l’industrie entière a explosé. Cela apporte énormément d’opportunités, mais aussi de nouveaux défis. Les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant : ils offrent une visibilité et une puissance incroyable, mais ils imposent aussi une pression constante. L’artiste doit être présent en permanence, montrer qu’il existe, publier sans relâche. Si tu ne le fais pas, tu peux avoir l’impression d’être dépassé par d’autres, plus actifs. C’est un outil précieux, mais aussi très exigeant et parfois oppressant.

Pourtant, vous semblez relativement discrets sur les réseaux sociaux…

Comparé à certains, oui, peut-être. Mais nous n’avons jamais vraiment analysé cela. Nous publions quand nous en avons envie et quand nous avons quelque chose de pertinent à partager. Nous n’éprouvons pas le besoin de montrer chaque minute de notre vie. Nos réseaux sont davantage tournés vers notre art que vers notre quotidien. C’est ce qui nous semble juste.

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La scène « melodic techno » est aujourd’hui omniprésente dans les programmations. Sommes-nous arrivés à un point de saturation ?

Cette impression revient régulièrement, quel que soit le genre. À chaque mouvement, il y a une phase d’expansion, où un son nouveau attire l’attention, est repris, copié, amplifié… puis décline, pendant qu’un autre prend le relais. C’est le cycle normal de la musique électronique. Je ne dirais pas que nous en sommes à une saturation, mais il est vrai que certains line-ups paraissent dominés par ce style. Ce n’est pas notre cas : nos programmations restent volontairement éclectiques, comme nous en avons parlé. Ce qui compte, c’est de ne pas suivre aveuglément une tendance. On peut s’en inspirer, bien sûr, mais l’essentiel est de construire sa propre identité musicale.

Enfin, en dehors de X, quels sont vos projets à venir ? Peut-on attendre de nouveaux morceaux, des collaborations, peut-être un album ?

Nous travaillons en permanence sur de la nouvelle musique, même si ce n’est pas simple avec le rythme des tournées, surtout l’été. En fin d’année, nous aurons plus de temps pour finaliser des projets. Plusieurs sorties sont déjà prévues : une collaboration avec Argy, qui sera bientôt dévoilée, et notre prochain single sur X, réalisé avec Coach Harrison, que nous avons d’ailleurs réservé en partie comme surprise pour Orange. Et puis il y a encore beaucoup d’autres morceaux en cours, que nous devons terminer. Ce sera pour la suite, quand nous aurons l’occasion de nous revoir.

Adriatique Present X / With John Summit, samedi 23 août 2025, de 17 h 30 à 01 h 30, au Théâtre antique d’Orange, rue Madeleine Roch, 84100 Orange.

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