Cluj-Napoca, dimanche soir. La fatigue des trois jours précédents se lit sur les visages, mais l’excitation du dernier acte des 10 ans d’UNTOLD emporte tout. Dans les allées, les odeurs de street food se mêlent aux effluves des fumigènes, les paillettes brillent encore sur les joues des festivaliers. On sait que c’est la fin, mais personne n’est prêt à lâcher.
Après un « Traditional Romanian Moment » et le passage d’Aura Șova, c’est Irina Rimes qui prend la lumière sur la Main Stage. L’icône pop roumaine, qui chante aujourd’hui en français, alterne refrains fédérateurs et titres plus intimistes. Les écrans géants captent chaque expression de son visage, la foule reprend chaque mot. « C’est la voix d’une génération, glisse Andreea, 24 ans, venue de Brașov. Je viens pour elle chaque année, et chaque fois je repars la voix cassée. »
Inna enchaîne avec un show calibré pour la fête totale. Les tubes défilent — « Hot », « Ruleta », « Yalla » — sous une pluie de pyrotechnie. L’énergie est contagieuse. « Elle, c’est ma madeleine de Proust, raconte Carla, 29 ans, de Rome. Je l’écoutais au lycée… la voir ici, c’est irréel. »
La britannique Becky Hill prend le relais. Sa voix soul et puissante traverse l’air comme une flèche, liant la foule dans un chœur unique. Puis Anyma plonge le stade dans un univers visuel hypnotique, presque cinématographique. Chaque drop est accompagné d’images — comme à son habitude — faisant de la scène une cathédrale. « On ne sait plus si on est dans un festival ou dans un musée », tente de se faire entendre Julian, 34 ans, Berlinois.
Place ensuite à Fisher. L’Australien, sourire carnassier et groove imparable, transforme le stade en un club. Les drops house déclenchent des vagues humaines, des épaules qui se lèvent, des téléphones qui s’allument. « C’est impossible de ne pas danser, rigole Ana, venue de Timisoara. Même mon père bougerait là-dessus. »
Puis arrive Martin Garrix. Hymnes planétaires, visuels explosifs, drops pensés pour un stade entier : le Néerlandais sait exactement comment tenir 60 000 personnes dans le creux de sa main. « Je l’ai vu cinq fois… et il réussit encore à me surprendre », souffle Luca, 21 ans, étudiant à Bucarest.
Et pour clore cette scène principale, Cancelled Music (Kris Fade & Dean Curtis) jouent la carte de la dérision et de la fête pure. Leur set, hybride et imprévisible, mélange clins d’œil pop et beats survitaminés. Un closing qui fait sourire autant que transpirer, idéal pour dire au revoir.
Pendant ce temps, sur la Galaxy Stage, l’ambiance est toute autre. Vizan, Paso Doble et Mahony installent une tension sourde, des basses profondes, un groove qui attire. Quand Adriatique prend le contrôle, c’est l’explosion. Le duo suisse délivre un set d’une précision chirurgicale, où chaque montée est une vague qui engloutit tout sur son passage. La salle est tellement pleine que les agents de sécurité ferment les accès. « On a essayé trois fois de rentrer, racontent Paul et Mihaela, de Cluj. On a fini par se faufiler. On ne regrette pas : c’était une masterclass ! »
Marco Carola prend la suite avec sa techno groovy, implacable, gardant la foule en mouvement continu. Puis Sit termine la nuit dans une atmosphère presque irréelle, entre minimal et lueurs de l’aube.
Sur la Daydreaming Stage, Bob Moses, Pachanga Boys, Anthony Middleton et Shimza offrent un dernier voyage plus doux, plus contemplatif, parfait pour atterrir en douceur après quatre jours de frénésie.
À 7 heures, l’édition anniversaire baisse enfin le rideau. Les 10 ans d’UNTOLD auront tenu toutes leurs promesses : quatre jours de grandeur, d’émotions et de musiques en tous genres. Dans les yeux des derniers fêtards, on lit autant la fatigue que la certitude d’avoir vécu quelque chose d’unique.
Et déjà, l’histoire continue : rendez-vous pour UNTOLD ONE l’an prochain. Les billets sont déjà en vente. Et si l’on en croit ce qui vient de se passer, personne ne voudra manquer ça.
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