Plus de 200 dirigeants de labels indépendants sont monté au créneau concernant le rachat de Downtown par Universal. Crédit : Illustration Juliana Romao / Unsplash
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Rachat de Downtown par Universal : les labels indépendants demandent une enquête à l’UE

Publié le 7 juillet 2025

Plus de 200 dirigeants de labels indépendants appellent l’UE à enquêter sur le rachat de Downtown par Universal, redoutant un danger pour la diversité musicale.

Dans une lettre ouverte adressée à la commissaire européenne à la Concurrence, plus de 200 PDG et fondateurs de labels et d’organisations indépendantes du secteur musical en Europe demandent à l’Union européenne d’ouvrir une enquête approfondie sur le projet d’acquisition de Downtown Music Holdings par Universal Music Group (UMG). L’opération, estimée à 775 millions de dollars, inquiète vivement les acteurs indépendants du secteur, qui y voient une menace directe pour la diversité et l’équilibre du marché musical.

« Une menace claire pour la concurrence »

Les signataires dénoncent une concentration excessive du marché entre les mains d’un seul acteur. « L’accord placerait une part significative des infrastructures essentielles sous le contrôle du leader du marché », peut-on lire dans la lettre. UMG, déjà détenteur d’environ 40 % du marché mondial de la musique enregistrée, étendrait ainsi son emprise à des services névralgiques pour la filière indépendante, comme la distribution numérique, la gestion des droits, les outils de royalty accounting ou encore CD Baby et FUGA, qui relèvent tous de Downtown.

« En absorbant les capacités de distribution, de comptabilité des redevances et de gestion des droits de Downtown – des services utilisés par des milliers d’entreprises et d’artistes dans le secteur indépendant – UMG renforcerait encore davantage son pouvoir de marché déjà important », alertent les auteurs de la lettre. Cette domination pourrait même, selon eux, compromettre l’autonomie des structures indépendantes. « Cette acquisition confère également un avantage concurrentiel majeur en permettant à UMG de collecter des données auprès de ses concurrents utilisant ses services. Ces données sont très vastes, allant des informations de distribution jusqu’aux informations commerciales essentielles telles que les prix, les conditions contractuelles et les relations stratégiques. »

Un risque pour la diversité culturelle

Au-delà de la simple logique de concurrence, la lettre met en garde contre un appauvrissement de l’offre musicale disponible. « Une concentration d’une telle ampleur réduirait l’éventail des voix, des styles et des cultures accessibles au public », préviennent les signataires, qui soulignent le rôle fondamental du secteur indépendant dans l’émergence de nouveaux talents et de sons alternatifs.

« Les implications sont profondes », écrivent-ils. « Cette consolidation permettrait à UMG de jouer les gatekeepers de certains des meilleurs services du secteur, dictant quels morceaux sont entendus, promus et monétisés. »

Un appel à une enquête approfondie

Pour les signataires, seule une enquête dite « de phase 2 » de la Commission européenne permettrait de mesurer pleinement les risques à long terme de cette opération sur l’écosystème musical européen. Ils appellent donc à ouvrir ce second niveau d’examen afin de « scruter les conséquences structurelles de cette transaction ».

La Commission européenne devrait rendre sa décision sur l’ouverture d’une telle enquête d’ici le 22 juillet.

La réponse d’Universal

De son côté, Universal Music Group se défend. Dans un communiqué, les dirigeants de Virgin Music Group, filiale d’UMG en charge de l’opération, estiment qu’il existe « de nombreuses voies d’accès au marché » pour les artistes indépendants. Ils rappellent qu’aucune plainte relative à un usage abusif de données n’a jamais été formulée contre eux, et soulignent que leur part de marché est restée stable depuis le rachat d’EMI en 2012.

Mais pour les labels indépendants, l’enjeu dépasse les chiffres. « Nous devons garder la musique ouverte », concluent-ils dans leur lettre. Une musique libre, équitable, et diversifiée, loin des monopoles invisibles que dessine, selon eux, l’avenir sous l’ombre de l’acquisition Downtown.

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